Site icon La Revue Internationale

Royaume-Uni: après les cigarettes, des avertissements sur l’alcool?

[image:1,l]

Crédit: shutterstock

« L’abus d’alcool, une pandémie nationale »

Les paquets de cigarettes, affublés de messages préventifs puis de clichés volontairement choquants depuis plusieurs années, ont peut-être trouvé de nouveaux compagnons de galère. C’est en effet la conclusion à laquelle un groupe de députés britanniques est arrivé au moment d’étudier les conséquences de la consommation d’alcool sur la santé. Si rien n’a encore été décidé, il s’agirait d’une première en Europe. Et étant donné les chiffres dévoilés, l’urgence est véritable.

1,2 million d’hospitalisations reliées à l’alcool en 2013 dans tout le Royaume-Uni. C’est trois fois plus qu’en France (400 000 hospitalisations en 2013), pour une population quasiment égale. Outre-Manche, on déplore le manque de prévention auprès de la jeunesse, qui est d’ailleurs la tranche de population la plus frappée par les ravages de la boisson. Les maladies du foie causées par l’alcool ont presque triplé en dix ans chez les moins de trente ans. A la télévision britannique, une mère exprimait un désarroi profond après le décès de son fils de 23 ans suite à un cancer du foie: « Il est tombé dans un engrenage meurtrier, il était trop influencé par son entourage. Ici, on ne réalise pas encore que l’alcool est un fléau… ».

La vente d’alcools et spiritueux au Royaume-Uni générait en 2013 la coquette somme de 24 milliards d’euros (21 milliards de livres). Une mine d’or pour l’économie britannique; pourtant, les chiffres alarmants exposés par le groupe de députés va pousser le gouvernement à raisonner ses consommateurs, dans le but d’enregistrer une baisse de la consommation. On peut supposer que l’inscription « l’alcool a fait plus de 100 000 morts au Royaume-Uni en 2013 » dissuadera les plus novices. 

Une initiative trop légère?

Derrière les chiffres éloquents de l’alcool chez les jeunes se cache un phénomène dont les Britanniques ont été les précurseurs: le binge-drinking. Un concept qui consiste, souvent entouré des ses amis, à boire le plus de boissons alcoolisées en tout genre, le plus rapidement possible. Une mode qui est devenue extremêment populaire à travers le monde, et qui continue de se propager, et ce malgré les effets notoires qu’elle comprend. Outre l’impact futur sur l’organisme, le binge-drinking peut également être la cause d’un alcoolisme précoce et tenace. 

Cependant, Tracey Crouch, présidente du groupe d’étude, ne souhaite pas accompagner les avertissements d’images: « Nous voulons aider à développer une culture systématique de la responsabilité, et non choquer les gens ». Une position pour le moins étonnante quand, plus tôt dans son explication, la député comparait l’abus d’alcool à « une pandémie nationale ». Soit le terme pandémie » était trop fort, soit Tracey Crouch est consciente que le lobby de l’alcool au Royaume-Uni est trop puissant pour accepter de telles mises à niveau.

En attendant la possible apparition d’un prix unitaire minimum pour l’alcool, les Britanniques sont en passe de faire un premier pas vers une société plus à même de comprendre les dangers de la boisson. Car pour le moment, comme le rappelle Tracey Crouch: « les emballages de boisson alcoolisés ne mettent en avant que le degré d’alcool ». Et dans l’esprit des jeunes, trop souvent, plus le taux est élévé, mieux c’est.

Quitter la version mobile