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Centrales nucléaires d’EDF au Royaume-Uni : quels enjeux?

La Commission européenne devrait donner son accord au projet de construction d’une centrale EPR d’EDF sur le site de Hinkley Point, au Royaume-Uni. Une exportation du savoir-faire français dans le domaine qui ne profite pas qu’au premier électricien du pays. 

Réorientation à l’international et prix garantis : peu de risques pour EDF

Le premier électricien de France devrait dans les trois semaines à venir obtenir le feu vert de la Commission européenne pour construire deux réacteurs nucléaires EPR de troisième génération au Royaume-Uni, sur le site de Hinkley Point. Un projet d’envergure qui représentera 19 milliards d’euros d’investissements d’EDF, mais aussi 7 % de la consommation électrique totale au Royaume-Uni. Loin d’être la première intention du groupe EDF à l’international, l’installation de ces deux centrales au Royaume-Uni viendra consolider la réorientation à l’international de la filière nucléaire française enclenchée par l’électricien depuis l’accident de Fukushima.
 
Alors que le parc français vieillit et que le nucléaire peut devenir un véritable gouffre financier, asseoir durablement le poids économique de la filière à l’international est une priorité pour toutes les entreprises du secteur, EDF en tête. D’autant que des contrats comme celui-ci ne présentent pas vraiment de risque pour l’électricien, une garantie sur le prix de revente de l’électricité sur les prochaines années lui ayant été accordée. EDF a entamé là un virage stratégique à l’heure où les investissements repartent dans le secteur, et l’électricien n’est pas le seul à en profiter.

Un moteur économique pour la France 

6000 recrutements par an, déjà 100 000 salariés en France et 160 000 dans le monde, 48 milliards d’euros d’investissements sur les 4 dernières années, dont 31 milliards à l’échelle nationale, etc. L’entreprise est en pleine croissance et permet à la France, 1re exportatrice d’électricité en Europe, de briller dans un domaine. Un succès dont il faut se réjouir et pas seulement pour des raisons de fierté nationale.
 
La filière est en effet un des points culminants de l’activité économique française. Créateur d’emplois, le nucléaire permet également la diminution des importations de combustibles fossiles à l’instar du pétrole ou du charbon et offre à la France une occasion de revendiquer un début d’indépendance énergétique. La réorientation à l’international de l’industrie nucléaire française a finalement un impact significatif sur la balance commerciale du pays, estimé à 25 milliards d’euros par an. Les exportations du secteur constituent un des plus importants postes bénéficiaires des échanges commerciaux du pays. La France a finalement tout à gagner à encourager la multiplication d’accords comme celui-ci et une nouvelle fois, EDF et l’Etat ne sont pas les seuls à s’en réjouir.

Une bonne nouvelle pour Henri Proglio ?

Un troisième nom vient s’ajouter à la liste des bénéficiaires de cette nouvelle : Henri Proglio. Cet accord de la Commission européenne et les chiffres en hausse de l’entreprise pourraient en effet faire pencher la balance en sa faveur alors que l’Etat doit choisir dans quelques jours s’il décide de le remplacer à la tête du premier électricien de France. Le mandat du PDG d’EDF, à ce poste depuis novembre 2009, prend en effet fin début octobre et ce sera au Conseil des ministres de lui choisir un successeur, ou pas. Celui qui souhaitait déjà à son arrivée à ce poste bâtir « une équipe de France du nucléaire » n’a apparemment pas envie de quitter son siège aussi rapidement et a déclaré souhaiter poursuivre sa mission.
 
Une mission qu’il n’est pas certainement pas le seul à vouloir continuer, sa place ayant rarement été aussi convoitée. Avec un chiffre d’affaires consolidé de 36 125 millions d’euros, le ratio d’endettement de l’entreprise n’a jamais été aussi bas depuis 5 ans et le cours de son action ne cesse de monter. De bons chiffres qui pourraient également s’avérer salvateurs pour la France alors même que la croissance du pays a été une nouvelle fois revue à la baisse début septembre.
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