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Léa, 15 ans, a été manipulée par des djihadistes pour préparer un attentat (Photo: Shutterstock.com)
« Quand on est fiché à la frontière, ils nous mettent la pression pour qu’on fasse des attentats kamikazes ou ‘à la Merah’. » Ces mots, glaçants, sont ceux de Léa (dont le prénom a été modifié). Cette adolescente de 15 ans s’est laissée entraîner dans l’islam radical. Son projet ? Partir faire le djihad en Syrie. La jeune Française, arrêtée en septembre par les policiers de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), a raconté au Nouvel Obs l’histoire de son embrigadement.
« Un jour où je ne me sentais pas très bien, j’ai laissé sur ma page Facebook un message disant que j’aimerais pouvoir me faire pardonner toutes mes bêtises, explique Léa, bonne élève, qui a grandi dans une famille aisée et non croyante. Là, des gens m’ont ajoutée dans leurs amis et puis ils sont venus me parler (…) Comme j’avais écrit que je souhaitais devenir infirmière, ils m’ont dit que je pouvais venir aider en Syrie, pour faire de l’humanitaire. »
Passeurs
Rapidement, les messages deviennent plus extrêmes : « Ils m’ont envoyé des vidéos sur les enfants gazés par Bachar (al-Assad, ndlr), sur les mensonges des politiques, sur l’islamophobie… (…) Ils disaient que je ne devais pas obéir à mes parents, parce qu’eux n’obéissaient pas à Allah et qu’il ne fallait obéir qu’aux lois d’Allah sinon on était un mécréant, un ignorant, un infidèle… »
Au bout de deux mois, Léa se convainc qu’elle est « élue » pour accomplir une mission et veut aller en Syrie. « C’est très facile de trouver des passeurs. On les appelle ou on leur donne un numéro de téléphone sur Internet. Ils m’ont expliqué qu’il fallait d’abord que j’aille en Turquie, que je me marie là-bas, puis que je tombe enceinte pour qu’on puisse m’emmener en Syrie avec l’enfant. »
Regrets
« Rapidement, Léa se voit désigner un ‘mari’ et a rendez-vous avec des passeurs. Tout est prévu », rapporte le Nouvel Obs. L’adolescente mène alors une double vie et fait semblant d’aller à l’école. Mais son projet avorte lorsque ses parents découvrent la teneur de ses discussions sur le Web. Interceptée alors qu’elle tente de rallier la Syrie, elle est placée sous mesure éducative par un juge pour enfant et se voit interdite de sortie du territoire.
« J’ai du mal à assumer que je me suis fait avoir (…) Je m’en veux beaucoup pour ça, d’avoir pu moi aussi entraîner d’autres filles sans le faire exprès, même des plus petites que moi… Je voulais tellement partir, on enviait toutes celles qui y arrivaient. Maintenant, certaines vont mourir là-bas, en Syrie ou en Irak, et peut-être à cause de moi… », regrette-t-elle aujourd’hui.