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La Suède reconnaît l’Etat de Palestine, une première en Europe

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La chef de la diplomatie suédoise Margot Wallström a annoncé que son gouvernement reconnaissait par décret l’Etat de Palestine (Photo: Shutterstock.com)

JOL Press : La décision de Stockholm intervient dans un contexte extrêmement tendu (voir ici). Comment l’interpréter ?
 

Frédéric Encel : Au-delà du contexte, les gouvernements suédois successifs ont été, ces dernières années, en pointe dans la revendication de reconnaissance de la Palestine. En même temps, ce positionnement est facilité par le fait que la Suède joue un rôle géopolitique très marginal, et n’a donc pas à ménager des alliances ou des susceptibilités locales.

JOL Press : Peut-on s’attendre à des répercussions concrètes ?
 

Frédéric Encel : Cette reconnaissance est à la fois concrète – impliquant notamment un échange d’ambassadeurs – et très symbolique car, sur le terrain, cela n’aura aucune incidence.

Aujourd’hui, l’Autorité palestinienne ne dispose que d’une autonomie partielle et la souveraineté, cela ne se décrète pas de l’extérieur ! D’où la nécessité tout à fait urgente d’une reprise des négociations, sur le terrain, entre partenaires d’un authentique processus de paix. 

JOL Press : D’autres Etats pourraient-ils suivre l’exemple de la Suède ?
 

Frédéric Encel : Une centaine d’Etats avaient reconnu la Palestine lors de la proclamation d’indépendance de Yasser Arafat, en 1988. Ces mêmes, et quelques autres, l’ont à nouveau reconnue lors de l’adoption par l’Assemblée générale des Nations unies, en 2012, de la Palestine comme Etat non membre. Rien de très nouveau donc, si ce n’est que la Suède est un pays européen.

Il est peu vraisemblable que les poids lourds du continent suivent le mouvement, pour des raisons soit historiques et affectives (Allemagne), soit constitutionnelles (France). Notons que des résolutions parlementaires peuvent passer, comme au Royaume-Uni, en faveur de la reconnaissance. Mais à la fin des fins, seule une paix négociée entre Israël et l’Autorité palestinienne permettra l’avènement d’une vraie souveraineté palestinienne aux côtés de l’Etat juif. 

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* Frédéric Encel est docteur en géopolitique, professeur à l’ESG Management School et maître de conférences à Sciences Po. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont « Géopolitique du printemps arabe » (PUF, octobre 2014).

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