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Crise du rouble en Russie : la descente aux enfers?

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Vladimir Poutine ne s’est pas encore exprimé (Crédit : Frederic Legrand – COMEO/Shutterstock)

Mardi, la devise russe a dévissé de 20%, après avoir perdu 9% lundi. La Bourse de Moscou a quant à elle chuté de 17%. La Banque centrale russe a pris plusieurs mesures, mais cela n’a pas suffi. Le pays semble se diriger tout droit vers une crise monétaire et économique inédite.

Quelle crise ?

La Russie est entrée dans une crise monétaire et économique sans précédent. Un fait facile à observer au niveau du taux de change, très instable : l’euro a dépassé le seuil des 100 roubles mardi,  alors qu’il s’échangeait à 73 roubles la veille. Le dollar a lui franchi les 80 roubles, contre 58 roubles le lundi.

Les mesures prises par la Banque centrale, qui a notamment levé son taux directeur de 10,5% à 17% en une nuit, ont fait ralentir la chute du rouble.

La monnaie russe a repris des couleurs quelques heures après sa chute virtigineuse, à 81 roubles pour un euro et 65 roubles pour un dollar. 

Ce jeudi, le taux est de 73 roubles pour un euro et de 60 roubles pour un dollar. 

Comment expliquer cette crise ?

Premières difficultés lors de la crise ukrainienne

Depuis début 2005, le taux de change du Rouble était très stable, entre 35 et 40 roubles pour 1 euro. Les premières variations sont apparues à l’été 2013, quand la Russie a critiqué l’Ukraine qui envisageait de signer des accords avec l’Union européenne.

Entre les pressions faites sur le gouvernement et la fuite du président ukrainien à Moscou, la monnaie russe s’est rapprochée des 50 roubles pour 1 euro.

La dépendance au pétrole

Autre problème pour la Russie, le cours du baril de pétrole, historiquement bas. Or, le pays, qui produit 10 millions de barils par jour, est très largement dépendant de ses hydrocarbures. Le pétrole représente en effet deux tiers des exportations du pays et apporte 50% des recettes de l’État russe.

Depuis l’automne, le rouble suit ainsi à la trace la baisse du pétrole. Et selon un rapport de la Banque centrale, avec un baril de pétrole se maintenant à 60$, la Russie verrait son économie se contracter de 4,5 à 4,8%. Mardi matin, le cours du brut est passé sous les 60$.

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Quelles conséquences ?

Pour la population 

Sur les panneaux témoignant du taux de change et présents les grandes villes russes, les chiffres s’affolent. Le taux de change se modifie quotidiennement, et plusieurs fois par jours. 

L’inflation a commencé à pointer le bout de son nez depuis déjà plusieurs semaines, avec une valse des étiquettes de plus en plus préoccupante et qui risque de s’aggraver.

Pour l’instant, la moyenne de l’inflation dans les prix de l’alimentation est de +13%. De manière générale, elle devrait atteindre 10% en 2014 et la situation devrait empirer. Une très grave récession est à prévoir, ainsi qu’un risque d’appauvrissement pendant quelques années.

Les Russes essayent désormais de placer leur argent en dollar ou en euro afin d’épargner. Des petites files d’attente se constituent devant les distributeurs d’argent.

Pour le moment, il n’y a pas de pénurie. Seuls les citadins commencent à apercevoir les conséquences de cette crise. Dans les provinces, les Russes ne s’inquiètent pas vraiment.

Pour le pouvoir en place

Vladimir Poutine reste malgré tout populaire. Le pouvoir russe avait préparé sa défense vis-à-vis de ses citoyens. Une défense principalement axée sur la faute des occidentaux dans cette crise et leur volonté de nuire au pays par leurs sanctions à l’encontre de la Russie.

La situation est inédite pour Vladimir Poutine. Ce dernier ne s’est toujours pas exprimé sur ce minikrach du rouble. Le président russe devrait le faire jeudi 18 décembre, à l’occasion de sa grande conférence annuelle.

Et pour l’Europe ?

Les pays européens sont aussi touchés par cette crise du rouble. L’Allemagne, l’Italie et la France sont en première position, car ce sont les trois plus grands partenaires européens de la Russie.

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Pour la France, les biens de hautes valeurs sont concernés. L’industrie du luxe, la haute gastronomie, l’électronique et l’informatique, mais aussi le tourisme sont en ligne de mire.

Les Russes les plus riches contribuent à une bonne part du chiffre d’affaires des stations de ski notamment. À Courchevel, donne comme exemple lejdd.fr, les Russes et les Ukrainiens réserveraient près de 12% des chambres d’hôtel sur l’ensemble de la saison. « L’association France Montagne redoute une baisse de fréquentation de 10% de cette clientèle », rapporte le site internet.

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