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Egypte : les homosexuels traqués par les autorités, pour « débauche »

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Le régime du président égyptien Al-Sissi a durci considérablement la répression contre les homosexuels – shutterstock.com

Il semblerait que le régime du président égyptien Al-Sissi soit de plus en plus sévère à l’égard des personnes homosexuelles en Egypte. Ce dimanche 7 décembre, 33 hommes étaient arrêtés, dans un hammam public du quartier de Azbakeya, au Caire, « pour débauche ».

Et ce n’est pas une première. En avril dernier, trois Égyptiens ont ainsi écopé de huit années de prison pour « débauche ». Et huit hommes comparaissaient en septembre devant un tribunal du Caire pour être apparus dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, dans laquelle des personnes simulaient une union homosexuelle.

Pour cette vidéo, ils ont été condamnés à trois ans de prison.

L’homosexualité interdite par la loi ?

En Egypte l’homosexualité n’est pas formellement interdite par la loi, c’est pourquoi les autorités accusent les homosexuels de « débauche » : « Les arrestations sont approximativement estimées au nombre de 90 », estime Scott Long, militant international des droits humains au HuffPost Tunisie. « Presque tous les cas ont abouti à des condamnations et à des peines draconiennes avec différentes charges, toutes liées à la « débauche » et allant jusqu’à 12 ans de prison ».

Et d’ajouter : « Dans certains cas, les juges ne tiennent manifestement pas compte des preuves. Par exemple, dans le cas de la vidéo du présumé mariage gay, les accusés ont été inculpés pour « circulation de pornographie » alors que la vidéo n’était aucunement pornographique et qu’il n’y avait aucune preuve que les défendeurs avaient quelque chose à faire avec sa diffusion. Les juges prêtent parfois un seul regard à la partie défenderesse puis décident selon les apparences – en particulier s’il s’agit d’une femme transsexuelle ou d’un homme « efféminé » – que c’est une personne immorale et tranchent ainsi selon leurs propres convictions. »

Curieux comportement d’une « journaliste » sur place

Le plus surprenant, lors de cette arrestation du 7 décembre, c’est qu’elle a été mise en scène et annoncée par la journaliste Mona Iraqi qui semble même être à l’origine de l’intervention policière. Présentatrice télé de l’émission « El Mostakhbi », elle a dévoilé publiquement les visages des personnes arrêtées en promettant un épisode dédié à ce sujet : « Lors de la prochaine émission, nous vous révélerons les détails à propos des nids de perversion collectifs au cœur de la capitale… ainsi que toute l’histoire de ces nids à sida », a-t-elle annoncé sur Facebook.

« Aujourd’hui est une belle journée… notre émission a pu dissoudre un lieu de perversion entre hommes et les capturer en flagrant délit… Mon dieu, la réussite est belle et atteindre ses buts est encore mieux… » a-t-elle insisté.

Une répression avant tout politique

Mais selon un grand nombre de militants sur place, cette répression est avant tout politique. Contacté à ce sujet par le HuffPost Tunisie, Mo. R., activiste anonyme en faveur des droits sexuels et corporels et des libertés individuelles explique : « Le régime tente d’apparaître comme le gardien de la morale en Egypte afin de ne pas permettre aux mouvements politiques à tendance islamiste de les attaquer. »

L’ONG Human Rights Watch n’hésite pas pour autant à dénoncer régulièrement les procès intentés aux homosexuels en Égypte, ainsi que les méthodes utilisées par les autorités égyptiennes qui ont à plusieurs reprises arrêté, torturé et détenu des hommes soupçonnés de conduite homosexuelle. En 2013, un sondage réalisé par le centre de recherches américain Pew révélait que seuls 3% des Égyptiens estimaient que la société devait accepter l’homosexualité.

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