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Fin de partie pour la corruption en Ukraine ?

L’exemple vient d’en haut

La corruption est comme la déflation. Une fois solidement ancrée, il est très difficile de s’en débarrasser. Difficile, mais pas impossible. Des mesures énergiques et une forte volonté politique peuvent renverser les montagnes les plus hautes. La Géorgie en a fait l’expérience avec son programme anti-corruption salué tant au niveau international que par une population qui a vu qu’il était finalement possible de saper les fondations de la corruption. Les fonctionnaires – et en particulier ceux chargés de la sûreté publique – ont vu les sanctions s’alourdir énormément en cas d’acte sortant du cadre de la loi, des services entiers ont été limogés et de grands corps restructurés pour plus de rationalité et d’efficacité. Quand la volonté politique est bien présente et fait oeuvre pendant plusieurs années, les résultats sont spectaculaires.

La Géorgie est plus qu’un exemple pour le pouvoir ukrainien puisque l’ancien président est aujourd’hui conseiller de Petro Porochenko et lui fait part de ses recettes anti-corruption. Eka Zgouladzé – qui a refondé la police géorgienne – et détient aujourd’hui le poste de vice-ministre ukrainien de l’intérieur est également de la parti. L’arrivée de ses personnalités de poids est un signal très important pour le pays et ses habitants fatigués de voir que les choses n’ont fait qu’empirer depuis 1991.

Fin de la chasse aux sorcières ?

Le 25 mars dernier, les caméras filment le début du Conseil des ministres quand, à la stupeur des ministres, la police débarque et arrête le directeur du service d’État pour les situations d’urgence, Serguii Botchkovski et son adjoint Vassyl Stoïetski. La mise en scène est soignée et doit marquer les esprits. Accusés de corruption après une longue enquête de six mois, ces hauts responsables doivent aujourd’hui répondre de leurs actes devant la Justice. Pour le ministre de l’Intérieur, Arsen Avakov, « il ne s’agit pas d’un spectacle mais une piqûre de rappel adressée à ceux qui n’ont pas compris que la société ukrainienne ne supporte plus les corrompus au sein du pouvoir ».

Le message pourrait être reçu et compris si les autorités poursuivent leurs efforts et que la Justice travaille de manière indépendante. Certains signes vont dans ce sens comme par exemple la récente relaxe d’un ancien ministre de Ianoukovitch, Oleksandr Klymenko, accusé de corruption par le nouveau directeur des services fiscaux. Une accusation pour le moins ironique dans la mesure où Klymenko a été un des rares à s’attaquer à ce problème lorsque l’ancien pouvoir était en place. Aujourd’hui, la Justice semble être indépendante et ne plus répondre aux ordres lancés par les hauts fonctionnaires. Les signes sont encourageants, mais l’Ukraine doit faire attention à ne pas retomber dans ses travers car les habitudes sont fortes et la dégradation globale de la situation peut rapidement pousser les dirigeants les moins droits à répéter les mêmes erreurs commises depuis 25 ans.

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