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Irak : la bataille fait rage autour de la ville de Ramadi

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Les djihadistes de l’Etat islamique (EI) ont pris, dimanche 17 mai, le contrôle total de la ville de Ramadi, à une centaine de kilomètres de Bagdad. Il s’agit du plus sérieux revers infligé aux forces irakiennes depuis le début de l’offensive lancée fin 2014 pour reconquérir les larges pans de territoires irakiens conquis par l’EI. Le premier ministre Haider al-Abadi avait en effet appelé au troupes sur place à résister à l’offensive des fondamentalistes. Les troupe irakiennes ont finalement déserté leurs dernières positions à Ramadi après la progression des djihadistes dans la ville, tombée au bout de trois jours d’une nouvelle offensive. L’EI avait crié victoire dans la soirée après s’être emparé du quartier général des forces de sécurité : « Dieu a permis aux soldats du califat de nettoyer toute la ville de Ramadi. »

Pour l’instant, il officiellement seuls 500 membres de la police fédérale soient arrivés à la base militaire d’Habbaniyah, près de Ramadi, pour préparer les contre-offensive. Cependant, le gouvernement irakien s’est résolu à faire appel aux milices chiites qu’il avait jusque-là tenues à l’écart de la plus grande province d’Irak pour éviter de s’aliéner sa population majoritairement sunnite. Haider al-Abadi a ainsi annoncé lundi « l’arrivée de combattants des Unités de mobilisation populaire », composées de volontaires majoritairement chiites, pour prêter main forte aux forces gouvernementales. Plusieurs milices dont celles des Kataëb Hezbollah et Asaïb Ahl al-Haq ont annoncé avoir des unités dans Al-Anbar, notamment à Fallouja et Habbaniyah, prêtes à se rendre à Ramadi.

Avec le nombre très important et l’expérience des membres de ces groupes paramilitaires, une contre-offensive semble possible avant que l’EI n’ait le temps de fortifier ses positions. Pour les chefs des milices chiites, la perte de Ramadi démontre que le gouvernement ne pouvait se passer du soutien de ses groupes de combattants volontaires. On ne connaît ni le nombre exact de ces milices chiites – le chiffre de 48 groupes répertoriés circulait ces dernières semaines – mais elles regrouperaient des dizaines de milliers de combattants. On sait également que certains de ces groupes se sont illustrés en commettant des exactions sur les zones de front.  « Il y a beaucoup de disparus, des hommes qui ont été enlevés et qui ne sont pas réapparus à ce jour. Ils ont été enlevés devant leur famille par des membres de différentes milices », explique Donatella Rovera, d’Amnesty International, rédactrice d’une enquête sur ces mouvements.

La chute de Ramadi, menacée depuis des mois, est un revers à plus d’un titre. Déjà, l’EI a pu progresser malgré les frappes aériennes dans la zone par la coalition internationale. De plus, pour la stratégie mise en place par Washington, cette défaite est un cruel désaveu. La retraite en désordre de l’armée irakienne à Ramadi, les armes récupérées par les djihadistes, ainsi que la montée en puissance des milices chiites – sur lesquelles ni les Etats-Unis, ni le pouvoir central de Bagdad ne disposent de moyen de contrôle – soulignent les limites de la ligne directrice suivie par le président Barack Obama pour « affaiblir et finalement détruire » l’Etat islamique. Lundi, les Américains ont reconnu que les milices chiites, dont certaines sont soutenues par l’Iran, « ont un rôle à jouer (à Ramadi) tant qu’elles sont sous le contrôle du gouvernement irakien. »

En Syrie voisine, où l’EI s’est également emparé de vastes territoires, le groupe a en revanche été repoussé à l’extérieur de Palmyre – ville qui revêt une importance stratégique pour l’EI puisqu’elle ouvre sur le grand désert syrien, limitrophe de la province irakienne d’Al-Anbar. Après de violents combats contre l’armée syrienne, l’EI « s’est retiré de la plupart des quartiers du nord » moins de 24 heures après s’en être emparé, a assuré l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).  Depuis mercredi, la bataille de Palmyre aurait fait au moins 315 morts – 123 soldats et miliciens loyalistes, 135 combattants de l’EI et 57 civils.

Mais la menace demeure car les combattants de l’organisation sont encore présents presque tout autour de la ville, et notamment à un kilomètre du célèbre site archéologique de Palmyre (Tadmor en arabe). « Les ruines n’ont pas subi de dommages mais cela ne veut pas dire que nous ne devons pas être inquiets », a déclaré à l’AFP le directeur des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim. Ce site fut l’un des plus importants foyers culturels du monde antique et comporte notamment des colonnades torsadées romaines, des temples et des tours funéraires.

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