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La Grèce en manque de liquidités, relance ses créanciers

Chantage ou fourches caudines? Le gouvernement grec a multiplié, mardi 5 mai, les contacts directs avec ses créanciers. Objectif : déloquer la le dernier versement – 7,2 milliards d’euros – dans le cadre du second plan d’aide financière de l’UE, dont a bénéficié Athènes. La Grèce prévoit de respecter toutes ses obligations financières mais aura besoin d’une nouvelle aide avant fin mai, a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement grec Gabriel Sakellaridis. « Les progrès enregistrés doivent constituer un passeport pour l’assouplissement du financement de l’économie grecque. »

Selon M. Sakellaridis, pour Athènes, le but des discussions est de parvenir à un accord technique d’ici la prochaine réunion de l’Euro groupe, le 11 mai. La BCE pourrait alors autoriser les banques grecques à acheter davantage de dette à court terme émise par Athènes, qui bénéficierait ainsi d’une bouffée d’oxygène sur le plan financier. La coalition de Tsipras vise un accord global d’une durée la plus large possible et sans devoir nécessairement impliquer un passage via un accord intermédiaire.

 

La Grèce demande un avance sur paiement

Les ministres des Finances de la zone euro se sont engagés à débloquer ces fonds lundi prochain si les institutions – la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne – ont validé d’ici là les engagements grecs de réformes. Le gouvernement grec doit, en accord avec les institutions, finaliser ses engagements de réformes structurelles pour s’assurer du versement de ces plusieurs milliards d’euros promis.

Aujourd’hui, en manque de liquidités, elle demande en quelque sorte un avance sur paiement pour pouvoir mener ces réformes a bien. Le problème étant que les deux parties n’ont pas réussi à trouver d’accord sur certains points centraux des négociations. En échange d’une avance, le gouvernement grec a finalement cédé la main sur les privatisations, contrairement à ses premières intentions (vente d’aéroports régionaux à l’opérateur aéroportuaire allemand Fraport, réouverture du processus de cession du port du Pirée). Il demeure  néanmoins hostile à toute nouvelle baisse des retraites ou de nouvelles modifications du droit du travail.

A la fin du mois dernier, le Premier ministre Alexis Tsipras a en tout cas décidé, lundi, de remanier son équipe de négociation pour faciliter le dialogue avec ses créanciers. Yanis Varoufakis, le ministre des Finances, était détesté au plus haut point par la plupart de ses partenaires européens, et le négociations s’étaient embourbés à cause de son entêtement. D’après les comptes-rendus, l’atmosphère est devenue plus constructive », a souligné mardi Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances et partisan de la ligne dure avec la Grèce, d’ordinaire pourtant peu tendre avec Syriza.

 

Le FMI durcit le ton
Si la Commission semble rassurante et prête à négocier, les réserves viennent maintenant du FMI. Mardi, le premier ministre grec, Alexis Tsipras a eu un long entretien téléphonique avec la présidente du FMI, Christine Lagarde. Cela aurait pu être considéré comme un signe favorable, mais il apparaît que le FMI ait durcit le ton. Le ministre grec du Travail, Panos Skourletis, a résumé la situation ainsi : « ils (le FMI) nous demandent de ne toucher à rien (dans les mesures d’austérité) qui ont ruiné la vie du peuple grec au cours des cinq dernières années. » Dans un article du Financial Times, paru lundi 4 mai, des sources au sein de l’institution affirment que l’institution pourrait se retirer du plan d’aide encore en cours et donc suspendre le versement de sa participation – soit pas moins 3,5 milliards d’euros – plus de la moitié des liquidités que lesquelles la Grèce compte.

La Grèce, doit encore rembourser 970 millions d’euros au Fonds monétaire international (FMI) d’ici le 12 mai. Pour ce faire, elle emprunte aux administrations et aux collectivités locales pour tenter de respecter ses engagements. La partie n’est pas gagnée, avec la plupart des voyants au rouge (croissance, déficits, dette et inflation). La croissance grecque devrait s’élever à seulement 0,5% cette année, nettement moins que les dernières prévisions de février, où la Commission européenne tablait sur +2,5%.

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