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Alexis Tsipras se lance dans des négociations de funambule

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Les négociations entre le gouvernement grec et ses créanciers (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne) doivent continuer ces prochains jours à Bruxelles, mais à Athènes c’est le Parlement qui décidera au final de l’issue de ces discussions. Car le premier ministre, Alexis Tsipras a décidé de demander un vote de confiance à sa majorité. « Si l’accord n’a pas l’approbation des députés de la majorité gouvernementale, le gouvernement ne peut pas reste », a prévenu, mardi 23 juin au matin, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Sakellardis. Dans l’espoir d’obtenir le versement d’une aide financière, le Premier ministre grec a présenté de nouvelles propositions de réforme saluée par ses partenaires au sein de la zone euro.

Une grande partie des Grecs qui ont élu Syriza ont étés séduits séduits par l’attitude « insoumise » du Premier ministre qui a osé dire « non » aux créanciers internationaux. Parmi eux, certains se sont réveillés inquiets en apprenant les mesures annoncées par Alexis Tsipras, lundi, à Bruxelles pour honorer ses créanciers. « Je crois que ce programme tel qu’il est (…) est difficile à faire adopter par nous », a dit Alexis Mitropoulos, député de la majorité parlementaire de la gauche radicale, et vice-président de la Vouli. C’est qu’élu sur la promesse de mettre fin aux politiques d’austérité, Alexis Tsipras va avoir du mal à convaincre son parti d’accepter ce programme de réformes, notamment un recul progressif de l’âge du départ à la retraite et la généralisation de la hausse de la TVA.  Ce programme cadre mal avec les promesses du chef de file du parti.

Le gouvernement grec insiste plutôt sur des mesures de justice fiscale, comme un impôt sur la fortune ainsi que sur une taxation extraordinaire des bénéfices supérieurs à 500 000 euros des entreprises. Vainqueur des élections du 25 janvier avec un peu plus de 36% des voix, Syriza compte 149 des 300 députés de la Vouli, auxquels s’ajoutent les 13 élus des Grecs indépendants (ANEL), le parti de droite souverainiste associé à Tsipras au sein de la coalition gouvernementale. Mais la coalition menace de s’effriter. de nombreux députés Syriza sont déjà montés au créneau pour dénoncer « la machine arrière du gouvernement face aux créanciers. » « Le Premier ministre doit d’abord informer notre peuple des raisons pour lesquelles nous avons échoué dans ces négociations et abouti à ce résultat », a insisté mardi Alexis Mitropoulos. « Je crois que (ses projets) ne sont pas conformes aux principes de la gauche. Ce carnage social, (…) on ne peut pas l’accepter. »

Face à cette fronde, Tsipras peut s’appuyer sur l’opinion publique grecque, majoritairement favorable au maintien dans l’Union économique et monétaire européenne. Et des députés de son parti ont pris mardi la défense du cours pris par les négociations. « Je crois que l’accord sera adopté au Parlement et reconfirmera la majorité du gouvernement », a déclaré à Reuters Dimitris Papadimoulis, élu Syriza au Parlement européen. « Je ne crois pas que des parlementaires Syriza influents voudront prendre la responsabilité de faire tomber un gouvernement en place depuis cinq mois et un Premier ministre qui bénéficie d’un soutien populaire d’environ 70%. » Alexis Tsipras pourrait sans doute aussi compter sur les voix de députés de l’opposition. Dans une tribune publiée dimanche par le quotidien Ekathimerini, Antonis Samaras, son prédécesseur à la tête du gouvernement, dont le parti Nouvelle démocratie (droite) compte 76 élus à la Vouli, a souligné la nécessité d’un « large consensus national » pour maintenir la Grèce dans la zone euro.

Ce mercredi, l’ensemble des ministres des Finances de la zone euro, se réunit pour trouver un accord détaillé sur la trajectoire budgétaire et les réformes envisagées en Grèce. Cet accord permettrait de libérer une aide de 7 milliards d’euros suspendue depuis l’été dernier. La BCE a du à nouveau relever le plafond du financement d’urgence (ELA) qu’elle apporte aux banques grecques. Les Grecs auraient retiré, selon la presse locale, entre 4 et 6 milliards d’euros de leurs banques en une semaine, laissant les institutions bancaires du pays à sec et sans liquidités. Jeudi et vendredi, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se rencontrent et donneront, éventuellement, leur feu vert pour l’accord.Avant le 30 juin, Alexis Tsipras devra de son côté faire voter à son parlement les mesures contenues dans cet accord

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