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G7 : carton jaune pour Moscou

Le simple intitulé en dit long : G7 et non G8 (Etats-Unis, Allemagne, Japon, France, Royaume-Uni, Italie, Canada) la Russie ayant été exclue du groupe après l’invasion et l’annexion des plus controversées de la Crimée – l’Ukraine continue à revendiquer la péninsule de Crimée comme une partie de son territoire, souveraineté reconnue par les membres de l’OTAN et la plupart des pays limitrophes. La priorité, tant pour les Américains que les Européens, était d’afficher l’unité du G7 face à la Russie, un an après son exclusion. Les dirigeants ont fait passer un message de fermeté quant à la crise politique ukrainienne : l’heure n’est pas à la levée des sanctions contre la Russie Celles-ci sont lié à « la mise en oeuvre intégrale des accords de Minsk » de février sur un cessez-le-feu en Ukraine et au « respect de la souveraineté » de Kiev, ce pourquoi Vladimir Poutine ne démontre aucun empressement.

Si le contexte est moins explosif que l’année dernière, grâce à la signature des accords de Minsk II en février, le ton n’a pas baissé au contraire. Face à l’enlisement de la situation à l’est de l’Ukraine, l’Europe se prépare d’ores et déjà à prolonger les sanctions économiques contre la Russie, dont le terme initial était fixé à la fin du mois. Les sept dirigeants des principales puissances industrielles, qui se présentent désormais comme une « communauté de valeur » pour se démarquer de Moscou, ont clairement mis en garde leur ancien partenaire contre une prolongation du bras de fer. Dans son communiqué, les pays du G7 se déclarent prêts « à prendre d’autres mesures, encore plus restrictives pour augmenter le coût pour la Russie si ses actions le rendent nécessaire. » Pour ‘heure, les Européens devraient voter d’ici à la fin juin une reconduction des sanctions pour une période de six mois supplémentaires, à défaut d’avoir avancé une autre stratégie.

Vingt ans après la guerre en Bosnie, l’Europe est le théâtre d’un nouveau conflit dans le Donbass ukrainien, qui menace de se transformer en guerre ouverte entre la Russie et l’Ukraine. Sur le terrain, dans l’Est de l’Ukraine qui a connu ces derniers jours une nouvelle flambée de violence, la situation restait « tendue » dimanche, selon l’armée ukrainienne. Les autorités de Kiev ont affirmé qu’une force de plus de 42.000 hommes appuyés par un demi-millier de chars a été déployée par Moscou aux frontières de son pays. Le président américain Barack Obama en a parlé dimanche comme d’une « agression russe en Ukraine », se montrant montré beaucoup plus pugnace pour fustiger l’aventurisme russe dans les pays de l’Est qu’auparavant. Plus question d’évoquer l’insurrection de séparatistes locaux face au pouvoir de Kiev. Il s’agit bien d’un conflit entre pays voisins, dans le discours du président des Etats-Unis. M. Obama s’est montré cinglant envers Vladimir Poutine, lui reprochant d’isoler son pays en « poursuivant un désir erroné de recréer les gloires de l’empire soviétique. »

Si les États-Unis excluent d’envoyer de façon permanente des troupes en Europe, ils sont décidés dans un avenir proche à multiplier les actions destinées à renforcer les armées des pays amis – notamment les pays baltes qui ont exprimé leur inquiétude après des démonstrations de force et des manœuvres militaires du Kremlin, qui joue les gros bras depuis un an. Cela passe par de la formation et de l’encadrement de ces forces et, bien sûr, par l’envoi d’armes défensives. Certains, à Washington, plaident pour un renforcement et une extension de l’Otan afin de montrer à Poutine qu’il n’intimide pas l’Occident avec ses rêves de Novorossia – recréer l’empire russe de l’époque tsariste. Il est pour autant exclu d’annexer l’Ukraine et à la Georgie, provocation de trop pour Moscou, et en conséquence une surprenante proposition a été faite de rejoindre la Traité de l’Atlantique Nord au Monténégro.

Le G7 aura été marqué par les images d’entente et de décontraction entre les dirigeants, batifolant dans les paysages printaniers de Bavière. Un cliché pittoresque de Mme Merkel faisant face à M. Obama assis sur un banc a notamment fait le buzz et l’objet de nombreux détournements lundi sur les réseaux sociaux. La photo se prête merveilleusement bien à toutes sortes de parodies.

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