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Grèce : négociations sur fonds de défaut de paiement

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Le 30 juin Athènes doit rembourser 1,6 milliards d’euros au Fonds Monétaire International (FMI) pour espérer voir se débloquer les 7,2 milliards de la dernière tranche du plan d’aide dont elle bénéficie. Le gouvernement Tsipras et les créanciers de la Grèce (FMI, BCE et UE) négocient depuis février. Avancée significative : les autorités grecques sont d’accord avec leurs créanciers, UE et FMI, pour réaliser un excédent budgétaire primaire de 1% cette année, un point resté longtemps au coeur de leurs désaccords. « Les autorités grecques sont désormais d’accord avec cet objectif », a déclaré Annika Breidthardt, porte-parole de la Commission européenne, au cours d’un point de presse, ajoutant que « la question est d’évaluer si les engagements pour y parvenir sont crédibles. »

Les discussions réunissent négociateurs grecs et représentants de la Commission européenne, de la BCE, du FMI et du MES – le dispositif de gestion des crises de la zone euro. Elles interviennent alors que la Grèce est plus que jamais menacée de défaut de paiement, ce qui pourrait constituer une déflagration aux conséquences imprévisibles pour la zone euro tout entière. Le calendrier est d’autant plus serré qu’en cas d’accord, il devra encore être entériné à l’unanimité jeudi lors d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro, et que certains parlements nationaux devront ensuite donner leur feu vert au déboursement de l’aide. Outre les réticences de Syriza, élus pour mettre un terme à la politique d’austérité que la Grèce subit depuis le début de la crise, les négociations sont ralenties par les priorités différentes des différents créanciers.

L’impératif du FMI est que la dette grecque soit viable. En frôle aujourd’hui les 180% du PIB – un niveau jugé insoutenable. Lors de précédentes négociations en 2012, le FMI avait insisté pour fixer des objectifs ambitieux en terme de réduction de la dette, à 175% du PIB en 2016 et à 124% en 2020. Pour l’institution de Washington, la Grèce doit de son côté en passer par une réforme des retraites (9 % du PIB grec contre 3 % du PIB en Allemagne) et une refonte de la TVA. « Si ces réformes ne sont pas mises en œuvre, la Grèce ne pourra pas renouer avec une croissance ferme et le fardeau de la dette deviendra encore plus élevé », estime M. Blanchard, chef économiste du Fonds.

Les pays membres pressent Athènes de respecter les engagements de réformes pris en échange des importants versements effectués lors du plan de sauvetage. En cas de restructuration de dette, l’Allemagne et la France, ses deux premiers créanciers au sein de la zone euro, auraient le plus à perdre. La chancelière Angela Merkel exclut du coup un effacement de dette. La France, moins catégorique, reconnaît qu' »il faudra assurer la soutenabilité » des finances du pays, tout en émettant des réserves. La zone euro dans son ensemble veut une solution qui évite son éclatement. Or, la perspective d’un « Grexit » inquiète, car les marchés pourraient s’attaquer à leur tour à d’autres pays fragiles de l’Union monétaire.

La Commission européenne, quand à elle, joue en quelque sorte le rôle de médiateur entre les parties, suivant une ligne plus flexible vis-à-vis d’Athènes. Si la Commission tient tout particulièrement à un excédent budgétaire primaire de 1% du PIB cette année, elle se dit moins soucieuse que le FMI sur les moyens d’y parvenir. L’exécutif européen met notamment l’accent sur de possibles coupes dans le budget de la défense – les dépenses du budget grec pour la défense sont les deuxièmes (en Europe) après le Royaume-Uni. La Commission insiste également sur la nécessité pour Athènes d’améliorer son administration fiscale et de moderniser son secteur public. Elle a proposé son aide à de multiples reprises à la Grèce pour l’aider dans cette tâche.

« Il existe un risque réel de sortie » de la Grèce de l’euro, a estimé lundi à Madrid le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Margallo. »Il y a un risque réel de sortie, ce qui ne serait pas bon pour l’Europe et évidemment serait encore pire pour le peuple grec. Le gouvernement espagnol a toujours exprimé son désir de parvenir à un accord et (soutenu) le maintien de la Grèce dans l’union économique et monétaire. » Cet avis n’est pas partégé par tous. Le vice-chancelier allemand et ministre de l’Economie, Sigmar Gabriel, avertissait dimanche que « non seulement le temps commence à manquer, mais, partout en Europe, la patience également. »

 

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