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La drogue utilisée par les combattants de Daech fabriquée dans un labo de l’Otan?

On traite volontiers les djihadistes de l’Etat islamique (Daech selon l’acronyme arabe) de « fous d’Allah » et de barbares, tant l’excès de barbarie et de cruauté dont ont fait part ses combattants, dépasse tout entendement. Mais il apparaît que la cruauté de ces terroristes, comme leur détermination, tient beaucoup plus à la chimie qu’à la religion. En effet, de récentes révélations nous apprennent que les hommes de l’organisation en opération sont systématiquement sous l’effet d’une drogue connue pour procurer une tonicité sans pareille, et qui permettrait de faire oublier la peur, la fatigue et la douleur. Tout comme les soldats nazis, qui se dopaient à la méthamphétamine pour rester concentrés et dépasser la peur du front, les soldats du groupe Etat islamique bénéficient des effet singuliers de cette drogue

La molécule qui compose principalement cette drogue est nommée la fénéthylline – issue de la famille des amphétamines. Elle était à l’origine prescrite pour soigner l’hyperactivité, la narcolepsie et la dépression. Classé depuis 1986 dans la catégorie des stupéfiants, le Captagon est, dès lors, officiellement interdit. Malgré cette interdiction, la drogue a continué d’être utilisé notamment dans le Golfe et en particulier et en Arabie Saoudite, où 55 millions de pilules du très prisé Captagon sont saisies tous les ans –  en 2010 elle en recevait sept tonnes. Plus dangereux, on rapporte de vastes distributions du stupéfiant lors du Printemps Arabe, afin de renforcer l’enthousiasme dans les  foules qui ont battu le pavé à Tunis, en Egypte et en Libye. Pire encore, la drogue, est désormais largement utilisée par les membres d’Al-Nosra, les soldats de l’Armée syrienne libre et les combattants de Daech, qui seraient « complètement shootés. »

Interrogé par Arte, un trafiquant détaille les multiples effets du Captagon : « Ça donne la pêche, tu te mets à combattre sans te fatiguer, tu marches droit devant toi, tu ne connais plus la peur. Les combattants l’utilisent pour veiller, pour contrôler leurs nerfs et augmenter leurs performances sexuelles. » Une pratique clairement en désaccord avec les règles de l’islam ; objection sans conséquence, puisqu' »aujourd’hui tout le monde s’en fiche de la religion », ajoute-t-il. Reuters raconte l’étonnante attitude de prisonniers qui ne ressentaient aucune douleurs des coups qu’ils recevaient. Il fallait attendre 48 heures, que l’effet s’estompe, pour les questionner.

Ces cachets blancs, reconnaissables à leur double «c», sont aujourd’hui surtout consommés au Moyen-Orient. D’après le Courrier International, qui rapporte l’information, le Captagon pourrait être fabriqué depuis 2011 dans un « laboratoire de l’Alliance atlantique » (Otan), en Bulgarie. L’agence officielle russe Ria Novosti, le journal en ligne Tunisie numérique et l’agence de presse cubaine Prensa Latina vont dans le même sens. Le ministère de la Défense bulgare a officiellement, lui, démenti l’existence d’un labo de l’Otan dans le pays : « La production de captagon comme de tout autre produit psychotrope ne fait pas partie des activités ni des objectifs de [l’OTAN] », avant d’ajouter qu’un laboratoire travaillant pour la Défense existe bien à la faculté de chimie de Sofia, mais il s’occupe de tester différents textiles pour la fabrication d’uniformes. De son côté, l’ex-ministre de la Défense, Nikolaï Tsonev, loin d’être convaincu par cette déclaration, parle « d’un mensonge éhonté. »

La Bulgarie a une longue histoire avec le Captagon. Le feu régime communiste avait vu en cette substance une mine d’or. Grâce à l’ouverture des archives, cette période est bien documentée: au début des années 1980,, Sofia s’est lancée dans une production qui a atteint une échelle industrielle. Les recettes ont alimenté en devises un pays de plus en plus exsangue. Après la chute du Mur en 1989, le trafic s’est privatisé, et a servi de tremplin aux principaux groupes mafieux du pays. il a connu un essor spectaculaire jusqu’à l’entrée de la Bulgarie dans l’Union européenne, en 2007. Depuis, selon les experts, la production s’est déplacée vers le Moyen-Orient et, depuis 2011, surtout la Syrie où elle échappe à tout contrôle. Les rumeurs faisant étant d’une production dans les laboratoires de l’OTAN est quand à elle largement contestée. « Comme souvent dans ce genre d’affirmations, il y a de la fantaisie pure et des éléments réels », d’après Tihomir Bezlov, l’un des plus éminents spécialistes de la criminalité organisée en Bulgarie. D’autres dénoncent une propagande anti-OTAN des médias russes, sur fond de conflit ukrainien.

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