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Israël: «tolérance zéro» contre les extrémistes juifs

Le gouvernement israélien a fait monter d’un cran son action contre les extrémistes juifs. Depuis mardi, trois extrémistes juifs sont entre les mains des services de sécurité. Après la mort vendredi d’un bébé palestinien brûlé vif dans un incendie et que ses parents et son frère avaient été grièvement blessés lors d’une attaque au cocktails Molotov contre leur maison, près de Naplouse, en Cisjordanie. Cet attentat a été imputé à de des extrémistes en Cisjordanie occupée. L’un d’entre eux, Mordechai Meyer, 18 ans, est placé sous le régime de la détention administrative. Les services de sécurité gardent la plus grande discrétion sur l’implication des trois jeunes hommes dans cet incendie qui a soulevé l’indignation en Israël et à l’étranger et la colère et la peur en Cisjordanie.

Ils sont soupçonnés d’activités extrémistes, ont-ils dit sans préciser s’ils étaient mis en cause dans la mort du nourrisson de 18 mois ou pour d’autres agissements. Le service de sécurité intérieure israélien affirme avoir détenu Mordechai Meyer pour des crimes nationalistes et pour appartenance à une organisation extrémiste. Il serait notamment soupçonné d’être le maître à penser d’un groupuscule responsable de l’incendie de l’église de la Multiplication des pains sur les bords du lac de Tibériade le 18 juin dernier. Les auteurs de ce crime ne sont toujours pas connus. Quelques heures avant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait de nouveau promis d’appliquer la loi dans toute sa rigueur contre les extrémistes.

Le placement de Yishaï Shlissel – un colon ultra-orthodoxe, venait de purger 10 ans de prison pour une attaque similaire qui avait fait trois blessés lors de la Gay Pride de Jérusalem en 2005 – en détention administrative est censé manifester la même détermination. Celui-ci s’était rendu, trois mois après sa sortie de prison, avec un couteau à la Gay Pride, pour à nouveau attaquer les membres des cortèges.  Une des adolescentes poignardées, Shira Banki, une lycéenne âgée de 16 ans, est morte dimanche après avoir été admise à l’hôpital « dans un état critique. » Cinq autres personnes avaient été blessées lors de cette agression dont l’auteur avait été aussitôt arrêté et inculpé. La détention administrative, c’est-à-dire sans inculpation ni jugement, peut s’étendre à des périodes de six mois renouvelables.

 

« Le problème c’est ce sentiment terrible en Israël de déjà vu », explique le journaliste Marius Schattner. « Ce n’est pas la première fois qu’il y a des actions terroristes, des meurtres aveugles, des attentats ciblés contre des Palestiniens de la part d’extrémistes juifs, de colons en particulier. Un Premier-ministre israélien a été assassiné : Yitzhak Rabin ! Avant son assassinat il y avait eu le massacre à Hébron dans la mosquée Ibrahim dans le Tombeau des Patriarches de plus de 28 Palestiniens qui avaient été tués par un colon qui avait été tué par la foule ! Et puis il y a eu l’an dernier, après le meurtre de trois adolescents en réaction, le meurtre atroce d’un gosse d’une douzaine d’années qui a été brûlé vif, dont les présumés coupables sont actuellement en jugement ! Ce qui est surtout grave c’est l’incapacité qu’ont eu jusqu’à maintenant les autorités israéliennes à vraiment combattre cet extrémisme. C’est à dire que c’est tout le système qui n’ose pas affronter ce mal qui est un mal qui pourrait être mortel pour la société israélienne. »

Les trois suspects, qui ont avoué leur crime lors de leur interrogatoire, plaident désormais la folie et des difficultés familiales. Une situation qui exaspère Hussein Abou Khdeir, le père de l’adolescent assassiné, qui assure avoir revécu la mort de son fils en apprenant l’attaque de Douma. Le Palestinien critique vertement le gouvernement et la justice israéliens, laxiste lorsqu’il s’agit de juifs israéliens : « Cela fait plus d’un an que mon fils est mort et personne n’a été condamné. Il y a deux justices : une pour les Arabes, l’autre pour les juifs. » Depuis des années, des extrémistes juifs agressent, au nom du « prix à payer », des Palestiniens et des Arabes israéliens, vandalisent des lieux de culte musulmans et chrétiens ou s’en prennent même à l’armée israélienne.

 Les Palestiniens affirment avoir recensé « 11 000 attaques en dix ans. » Selon l’ONG israélienne Yesh Din, 85,3 % des plaintes de Palestiniens contre des colons sont classées sans suite. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a d’ailleurs raillé vendredi les méthodes de l’armée israélienne. « Elle les garde une heure pour une enquête, puis les relâche et ils peuvent reprendre leurs attaques. » Ces attaques sont, selon lui, le « résultat direct »de la « politique de colonisation d’Israël », qui a mené à l’installation d’environ 400 000 colons en Cisjordanie et de 200 000 à Jérusalem-Est, occupée et annexée. A Jérusalem, des heurts ont de nouveau opposé Palestiniens et policiers israéliens dimanche sur l’esplanade des Mosquées, avant un retour au calme, après deux jours de protestations en Cisjordanie et à Jérusalem.

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