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La Bourse de Shanghai poursuit sa chute, les marchés européens rebondissent

Avis de tempête : la Bourse de Shanghaï, qui avait perdu 8,5 % en début de semaine, a clôturé une nouvelle fois en forte baisse, mardi 25 août (− 7,63 %). Elle a désormais effacé tous ses gains de l’année, s’enfonçant sous son niveau du 31 décembre 2014. Les autres grandes places financières asiatiques suivent la même pente. La Bourse de Tokyo, qui avait perdu 4,61 % lundi a clôturé en baisse de 3,96 %, à 17 806,70 points, au plus bas en six mois. Dans le même temps, la Bourse de Hongkong accentuait son repli. Mais le vent de panique souffle sur les places boursières de la planète en réaction à cette effondrement chinois semble lui s’apaiser. Lundi, déstabilisé par le cet effondrement majeur des places financières asiatiques, les Bourses occidentales étaient gagnées par la panique des investisseurs face aux perspectives de l’économie mondiale. Les tendances boursières à l’ouverture en Europe étaient, quant à elles, nettement meilleures mardi matin : la Bourse de Paris gagnait 1,42 %, Francfort 1,74 % et Londres 1,49 %. En fin de matinée, elles avaient toutes grimpé au-dessus de 3 %. Les marchés n’avaient toutefois pas repris tout le terrain perdu lundi, avec des chutes d’environ 5 %.

Les places financières européennes avaient subi de plein fouet l’effondrement du marché chinois, qui a connu sa plus forte baisse journalière depuis février 2007, minée par les inquiétudes provoquées par l’essoufflement persistant de l’économie chinoise et la dévaluation du yuan il y a près de deux semaines. Elle avait déjà perdu plus de 11 % de sa valeur la semaine dernière, en dépit des multiples efforts du gouvernement pour tenter de soutenir son économie, notamment via des achats massifs de titres par des organismes publics. La baisse de ce lundi a été déclenchée par la conviction de plus en plus forte des investisseurs qu’un atterrissage brutal de l’économie chinoise, locomotive de l’économie mondiale pendant les dernières années, est désormais inévitable. S’efforçant de rassurer, Pékin a annoncé dimanche que le gigantesque fonds de pension chinois allait investir une partie de ses actifs colossaux dans les Bourses locales.

Des doutes commencent à peser sur la capacité de la Chine à maintenir sa croissance sans réforme de fond de son organigramme économique, à la fois très progressiste et très archaïque. Ce sont les récents évènements qui ont porté le coup le plus violent à la crédibilité de l’économie chinoise. La double explosion dans un entrepôt stockant des produits hautement toxiques sur le port de Tianjin, le 12 août dernier, et ses conséquences dramatiques en termes de contamination ont exposé des failles béantes dans le système de supervision de l’empire du milieu : non seulement Ruihai Logistics, la société responsable, a bénéficié de passe-droits et d’une bienveillance suspecte pour s’installer à moins d’un kilomètre d’une gare et de zones d’habitation, mais elle abritait en outre sur le site une quantité de cyanure de sodium soixante-dix fois supérieure à celle autorisée.

Certes, la Chine n’a pas le monopole des accidents industriels. L’explosion de l’usine AZF de Toulouse en septembre 2001 avait provoqué plus de dégâts, bien que moins meurtrière, et avait rappelé que même les pays occidentaux courraient un risque de malfonction ou d’accident. Au Canada, l’accident ferroviaire de Lac-Mégantic, en juillet 2013, a annihilé la moitié du centre de cette petite ville du Québec. Enfin, souvenons nous de la prise en charge catastrophique de Fukushima, en mars 2011, par le géant de l’électricité Tepco, et la litanie de doléances qui ont suivi et qui font encore débat dans le monde. La Chine paie certainement son industrialisation et sa croissance fulgurantes : qu’elle eût échappé à de tels désastres aurait été improbable. Tianjin illustre bien le caractère systémique de la crise écologique qui mine le pays  : l’inventaire dressé par Greenpeace d’autres sites de stockage de produits dangereux dans les ports de Shanghaï, Ningbo et Canton fait froid dans le dos. La crise de confiance – »ces poissons sont morts de trop de mensonges », résumait un internaute après la découverte de poissons morts non loin du site de l’explosion – est de retour. Hu Jintao, le précédent numéro un chinois, laissé derrière lui un gouvernement décrédibilisé, souvent raillé et décrié sur la blogosphère.

Pour la Chine, les défis économiques sont énormes. Le pays se trouve face à un ralentissement important des investissements, et ce à un moment où il est loin d’avoir achevé la transformation de son économie vers plus de consommation intérieure. Il est tentant d’envisager de faire demi-tour là où c’est possible. Malheureusement, ça ne l’est pas. Et le Spiegel Online, en Allemagne, met en garde : la crise du crédit aux Etats-Unis, la crise de l’euro en Europe et la crise de la Bourse en Asie « ont été déclenchées localement mais ont des conséquences planétaires ; aux Etats-Unis, c’était la politique qui voulait transformer chaque citoyen en propriétaire ; en Europe, la dette grecque ; en Chine, une bulle de dettes régionale. » Mais tandis que souvent une économie nationale est capable de rebondir automatiquement après une crise, la situation est différente dans une crise globale. “Comme toutes les grandes économies du monde – les Etats-Unis, la zone euro, la Russie, la Chine, le Japon, et l’Asie du Sud-Est – ont vécu leurs crises fondamentales durant ces deux dernières décennies, plus personne ne peut jouer le rôle de locomotive économique.”

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