Site icon La Revue Internationale

L’Ukraine au milieu du gué

aptopix-netherlands-obama-g7-nuclear-summit.jpgaptopix-netherlands-obama-g7-nuclear-summit.jpg

Réformer un pays est une entreprise ardue. L’Ukraine ne fait pas exception. Secouée par la guerre depuis près de deux ans et portée par une population qui a payé un lourd tribut pour changer sa trajectoire politique, l’Ukraine se situe dans un entre-deux à la veille de 2016. Le Parlement dominé par les forces pro-européennes peine à voter des lois jugées indispensables par l’Union pour envisager un rapprochement plus palpable. En ligne de mire, un accord pour que les Ukrainiens ne soient plus soumis à un régime de visa pour se rendre dans un Etat membre de l’UE.

Grand enjeu qui a uni les manifestants de Maïdan, la lutte contre la corruption est de nouveau au centre du débat puisque de nouvelles lois sont soumises au Parlement. L’objectif est de donner des gages de bonne volonté à une opinion publique de plus en plus sceptique et à une Union européenne préoccupée par une vie politico-économique problématique. La corruption resteen effet un problème majeur dans le pays et les règlements de compte politiciens se font à coup de fausses accusations. Des hommes politiques proches de l’ancien pouvoir ont été mis sur le banc des accusés et placés sur les listes de sanctions européennes sans autre forme de procès. Certains d’entre eux commencent à être blanchis par la justice européenne à l’image d’Andrei Portnov – ex conseiller spécial du président Ianoukovitch, mais le temps de la justice est bien plus long que celui des anathèmes. Une réalité que dénonce dans une vidéo avec un certain humour, Oleksandr Klymenko, ancien ministre qui a porté une loi anti-corruption avant d’être placé sur les listes noires de l’UE.

La politique politicienne a encore de beaux jours devant elle en Ukraine et les difficultés pour faire passer les réformes structurelles auxquelles les habitants aspirent n’ont pas grand-chose à voir avec les tensions croissantes dans l’Est du pays. La guerre a bien évidemment perturbé la vie politique d’un pays en ruine sur le plan économique, mais aujourd’hui, le constat est sévère. La machine politicienne empêche l’Ukraine d’aller de l’avant et la course désespérée vers l’Ouest est encore loin d’être gagnée. Une normalisation au niveau internationale paraît, dans ces conditions, la réponse la plus appropriée pour faire bouger les lignes et le rapprochement spectaculaire entre l’Occident et la Russie dans la lutte contre le terrorisme pourrait sceller la fin du conflit dans les steppes ukrainiennes.

Si le rapprochement est « uniquement militaire » à en croire les chancelleries, le pacte sera bientôt diplomatique et les points d’achoppement trouveront des solutions sur le terrain. Il ne s’agit encore que de politique fiction, mais le scénario prend forme peu à peu et il sera difficile pour les pays européens de continuer leur politique de sanction après le 31 janvier 2016. La lutte globale contre le terrorisme appelle à faire des concessions et l’Ukraine pourrait en bénéficier. Un mouvement positif qui ne doit toutefois pas lui faire oublier que les principales avancées sont du ressors des élites politiques. Gage au peuple prompt à descendre dans la rue de le leur rappeler si les choses devaient s’enliser encore plus.

Quitter la version mobile