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L’exécution de cheikh al-Nimr en Arabie Saodite ébranle la région

L’Arabie saoudite a exécuté ce samedi as moins de 47 de ses ressortissants, dont Baqer Al-Nimr, défenseur charismatique de la minorité chiite et critique virulent de la dynastie sunnite au pouvoir. Âgé de 56 ans, le cheikh Al-Nimr, était une figure respectée de la communauté chiite d’Arabie Saoudite. L’imam de la mosquée al-Awamiyya d’Al Qatif, ville située à l’est du royaume, au bord du golfe persique, avait été arrêté à plusieurs reprises pour des prêches qui en faisaient la figure de proue d’un mouvement de contestation contre la dynastie sunnite des Al-Saoud, qui avait éclaté en février 2011, dans la foulée des soulèvements arabes en Tunisie, en Égypte et à Bahreïn. 

La plupart étaient accusés d’avoir rejoint des « organisations terroristes » et mis à exécution des « complots criminels ». Certains étaient des djihadistes sunnites condamnés pour leur implication dans des attentats meurtriers revendiqués par le groupe Al-Qaida en 2003 et 2004. Le 1er décembre, la branche d’Al-Qaida au Yémen avait menacé de faire « couler le sang » si les autorités saoudiennes décidaient de les mettre à mort. Dans le cas du haut responsable chiite, néanmoins, beaucoup voient une exécution politique sous couvert de lutte contre le terrorisme, qui traduit la ligne dure adoptée à la tête du pays depuis l’arrivée au pouvoir du roi Salman.

Condamné à mort en octobre 2014 pour « sédition », « désobéissance au souverain » et « port d’armes » par un tribunal de Riyad spécialisé dans les affaires de terrorisme, il a finalement été exécuté ce samdi. La mort de cet ayatollah, qu’Amnesty international considérait comme un prisonnier d’opinion, a provoqué l’indignation, dans le monde entier, particulièrement en Irak et en Iran, pays à majorité chiite. Bien que coutumier de discours virulents, Nimr s’est toujours gardé d’appeler à la violence. Atteint de quatre balles durant son arrestation, le cheikh n’avait pas bénéficié des soins nécessaires et sa jambe droite était restée paralysée. Amnesty International a rappelé que le procès de cheikh Nimr al-Nimr avait été « manifestement inéquitable. »

Cette nouvelle suscite une vive colère dans toutes les communautés chiites, et pas seulement celles du Moyen-Orient. Plusieurs centaines d’hommes et de femmes avaient manifesté en Arabie saoudite dans la ville à majorité chiite de Qatif (est), arborant des portraits du dignitaire chiite. Les protestations les plus fortes sont effectivement venues d’Iran, où la guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei a indiqué que la « main divine » vengera l’exécution du dignitaire chiite. Des manifestants ont lancé des cocktails Molotovcontre l’ambassade d’Arabie à Téhéran, incendiant une partie du bâtiment dans lequel ils ont pénétré avant d’être chassés par la police.

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