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Cessez-le-feu fragile au Yémen

Les forces loyalistes et les rebelles chiites Houthis se sont engagés à respecter le cessez-le-feu entré en vigueur dimanche à minuit au Yémen. Les deux parties ont assuré avoir remis à l’ONU une lettre portant leur engagement « à cesser les opérations militaires terrestres, maritimes et aériennes » sur l’ensemble du Yémen. Le médiateur de l’ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed a qualifié cette trêve « d’essentielle, d’urgente et d’indispensable ». Des pourparlers de paix, sous l’égide de l’ONU, devraient débuter lundi prochain à Koweït.

Cette paix passerait par un accord de partage du pouvoir entre les rebelles chiites Houthistes, qui détiennent la capitale Sanaa, et les forces loyalistes du président Hadi. Celles-ci ont repris cinq provinces à partir de leur base d’Aden, avec le soutien de la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite. L’Iran ne peut pas appuyer les rebelles Houthistes comme elle le fait, pour d’autres mouvements chiites, en Syrie ou au Liban. « Il y a, chez les Saoudiens, la crainte irrationnelle de se voir pris en tenaille entre l’Iran et un Yémen soutenu par Téhéran », relève François Frison-Roche, chercheur émérite au CNRS.

La trêve au Yémen semble globalement tenir, a jugé lundi l’ONU, qui oeuvre à un règlement politique dans le pays. Le cessez-le-feu est globalement respecté, malgré des violations « commises par les rebelles chiites », a assuré lundi à l’AFP le général Mohamed Ali al-Makdashi, chef d’état-major des forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi. Ces violations sont « mineures », d’après le général Ahmed Assiri, porte-parole de la coalition militaire arabe qui intervient depuis mars 2015 sous commandement saoudien pour soutenir les forces loyalistes. « C’est le premier jour et nous devons faire preuve de patience. Cela ira mieux de jour en jour. »

L’an passé, trois autres cessez-le-feu avaient volé en éclats. Si cette fois les deux principaux mouvements semblent déterminés à jouer le jeu, une autre menace plane néanmoins : le chaos depuis un an a été un terreau pour les groupes djihadistes, dont Al-Qaida et dans une moindre mesure, Daech. « La situation au Yémen comporte des similitudes avec le conflit syrien. Des milices distinctes, poursuivant souvent des buts communs, combattent à partir de leurs fiefs », résume Adam Baron de l’ECFR (European Council on foreign relations).

Cette guerre n’améliore pas l’image du royaume saoudien. Ses bombardements sont souvent ciblés sur des centres de santé. Ils ont également détruit des sites archéologiques réputés, comme le barrage de Marib. Dans cette aventure, les États-Unis sont également mis en cause. International Crisis Group et Human Rights Xatch ont dénoncé les livraisons américaines d’armes à fragmentation, employées par Riyad au Yémen.

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