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Turquie : Erdogan intensifie les purges après le putsch manqué

Après le doute, le courroux : Recep Tayyip Erdogan avait annoncé que les rebelles paieraient « le prix fort » pour avoir tenté de faire chuter son régime. La réaction n’aura pas tardé : une vaste purge de l’armée et de la justice est en cours depuis samedi. Trois jours après le coup d’Etat manqué en Turquie, plus de 7 500 personnes ont été placées en garde à vue, a indiqué lundi 18 juillet le Premier ministre Binali Yildirim, alors que près de 9 000 fonctionnaires du ministère de l’Intérieur ont été limogés – en majorité des policiers. 103 généraux et amiraux turcs ont eux aussi été arrêtés, dont l’ancien chef de l’armée de l’air, le général Azin Oztürk, soupçonné d’être l’un des meneurs de la tentative du putsch. Tous sont soupçonnés d’être liés au prédicateur Fethullah Gülen, un ancien allié d’Erdogan qui l’accuse d’être l’homme qui a fomenté ce complot depuis son exil américain.

Ce « grand ménage » vise les personnes soupçonnées de liens avec le prédicateur. A 75 ans, Fethullah Gülen est atteint de complications cardio-vasculaires et de diabète, selon son entourage, et assure n’avoir quasiment pas quitté ses appartements au sein du complexe de Saylorsburg, en Pennsylvanie, depuis deux ans. Ce dernier réfute son implication dans la tentative de coup d’Etat. « J’ai toujours été contre l’intervention des militaires en politique intérieure », assure-t-il. Il condamne cette tentative de putsch, qu’il considère « comme une trahison de la nation turque. » Aussi, certaines voix se sont levées, dénonçant une manipulation du pouvoir, qui aurait orchestré le coup afin de renforcer son pouvoir. En attendant plus de réponses, la purge continue. Elle se fera « dans le cadre du droit », a soutenu le chef du gouvernement, en réponse aux inquiétudes de l’Union européenne et des États-Unis.

La communauté internationale observe avec inquiétude cette vague de répression. « La rapidité et le nombre des arrestations depuis vendredi laissent penser que le gouvernement disposait, au préalable, d’une liste à cette fin », a estimé lundi le commissaire européen à l’Élargissement, Johannes Hahn. « Je suis très préoccupé. C’est exactement ce que nous redoutions. » Le président a évoqué dimanche la possible réintroduction de la peine de mort. Cette décision ne serait pas sans conséquence, et marque une rupture avec des efforts de conciliation internationale, et notamment européenne. La peine capitale avait en effet officiellement été abolie en 2004 dans le cadre de la candidature de son pays à l’entrée dans l’union européenne. L’UE a elle aussi signifié à la Turquie qu’un rétablissement de la peine de mort – abolie en 2004 dans le cadre des négociations d’adhésion – lui fermerait la porte du bloc européen.

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