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Grèce : un sommet sud-européen pour rien ?

Une source au sein du gouvernement grec vient d’annoncer que le pays organiserait en septembre une conférence réunissant les pays du sud de l’Europe afin de traiter des questions économiques et migratoires. Un énième sommet, mais qui a cette fois-ci le Premier ministre Tsipras comme chef d’orchestre. Est-ce assez pour que ces deux problèmes fondamentaux trouvent finalement des réponses sur la durée ?

C’est l’été et la Grèce ne fait parler (et rêver) que les seuls touristes. Pourtant en coulisses, la rentrée politique se prépare avec en point d’orgue pour le gouvernement l’organisation d’un sommet début septembre qui doit régler les questions migratoires et économiques dont la Grèce est la principale victime depuis plusieurs années. Le gouvernement Tsipras souhaite mettre l’accent sur les deux difficultés que traverse le pays et attend de nouvelles aides de la part de ses partenaires européens. La Grèce demande des lignes de crédit tandis que l’Union européenne exige la mise en place de réformes structurelles. Le jeu est bien connu depuis plus de six ans maintenant, même si l’arrivée de la gauche radicale au pouvoir à Athènes en 2015 a tendu chacun des deux camps.

Le gouvernement traine des pieds

Les négociations avec l’Union européenne sont plutôt simples sur le papier. Bruxelles exige des réformes sur le plan économique afin de remettre la Grèce sur les rails et Athènes se soumet bon gré mal gré pour obtenir plus de souplesse de la part de ses créanciers et partenaires européens. Parmi les batteries de mesures, une prend une place plus importante dans les discussions au sein de la population : la privatisation d’entreprises et d’infrastructures – ports, aéroports, autoroutes et même îles paradisiaques.

Une fois aux manettes, c’est peu dire que le Premier ministre a été confrontée à la réalité du pouvoir. Plus question d’annuler la dette ni de nationaliser à tout va ; gouverner c’est choisir et parfois les choix sont cornéliens. L’épisode du referendum sans suite aura été un formidable rappel à l’ordre pour tous les promoteurs d’une Grèce voulant s’affranchir de la tutelle européenne. Un bémol de taille subsiste pour l’équipe Tsipras : suivre les recommandations de l’UE signifie aller contre sa base militante et donc perdre le pouvoir lors du prochain scrutin général. C’est ainsi que le gouvernement a entrepris un numéro d’équilibriste dont nul ne peut encore connaître la fin. La stratégie est assez retorse dans la mesure où après une négociation plus ou moins réussie, le gouvernement traîne des pieds pour mettre en place les règles qui ont été décidées.

Des privatisations au long cours

Les négociations portant sur la privatisation prennent énormément de temps et ce quand bien même il n’y a qu’un seul potentiel acquéreur sur les rangs. Ce fut le cas notamment lors de la privatisation de la société du Port du Pirée (OLP) qui s’est étalée sur plus d’un an et qui a été attribuée par l’Agence grecque de privatisations (Hradf) à la compagnie chinoise Cosco. Le deal s’est élevé à 368,5 millions d’euros pour la prise de contrôle de 67 % de la société grecque. In fine tous les acteurs sont contents du résultat malgré certaines réticences au départ. C’est pour eux et pour tous ceux qui comptent sur Syrisa pour freiner les appétits étrangers que le Premier ministre manie habilement le verbe et est même prêt à faire des propositions qui n’ont aucune base légale.

Ainsi a-t-il récemment proposé à la privatisation le chantier naval de Skaramangas et dans cette optique contacté la même compagnie chinoise, Cosco, pour se porter acquéreuse. Un nouveau signe de la bonne volonté de l’exécutif grec vis-à-vis de l’Union européenne sauf que l’opération ne pourra aucunement aller à son terme. Non pas que l’Agence grecque de privatisations mette de la mauvaise volonté pour conclure un deal, mais il apparait que ce chantier naval appartient déjà à un propriétaire privé en la personne du groupe émirati Abu Dhabi Mar. Vendre ce qui appartient déjà à autrui n’est pas dans les plans de la Commission européenne, mais cette confusion pourrait souligner les efforts qu’il y a encore à faire pour mettre à plat quantité de questions administratives dans le pays. Le sommet du mois prochain devrait une fois encore cristalliser certaines tensions sans résoudre les problèmes que sont la restructuration de l’économie grecque et le défi de l’immigration dont elle est la première à devoir affronter les conséquences. Le « dossier grec » n’est pas prêt d’être refermé. 

 

Crédits photo : Martin Bureau/AFP

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