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Guerre des mots entre l’Iran et l’Arabie Saoudite

A quelques jours du hajj, pèlerinage annuel à La Mecque, les tensions entre l’Iran et les saoudiens sont au plus haut. En rappelant la bousculade meurtrière l’année dernière qui a fait 2300 morts, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a violemment dénoncé mercredi la famille royale saoudienne. « Cette catastrophe montre une nouvelle fois que cette descendance maudite maléfique ne mérite pas de gérer les lieux saints de l’islam », a déclaré M. Khamenei en devant les familles de 464 pèlerins iraniens morts. Il a ajouté que si les dirigeants saoudiens n’étaient pas responsables de la catastrophe qui a fait au total quelque 2.400 morts, ils devraient autoriser une commission d’enquête internationale.

Il s’agit de la plus violente attaque du numéro un iranien contre les dirigeants saoudiens. Ces dernières n’ont pas tardé à rétorquer, avec une virulence similaire. C’est le Gand Mufti saoudien, cheikh Aziz ben al-Cheikh, qui a déclaré que les Iraniens « ne sont pas des musulmans ». « Leur hostilité envers les musulmans est ancienne, plus particulièrement envers les sunnites », a développé le cheikh. Ces accusations réciproques dans une région marquée par des déchirements confessionnels entre sunnites et chiites, inquiète les observateurs. Les Iraniens sont privés cette année du pèlerinage, pour la première fois depuis presque trois décennies par l’Arabie Saoudite, ce qui explique la sortie de leur leader religieux.

Le président iranien s’est joint aux doléances. Hassan Rohani qui, dans un appel sans précédent, a demandé aux pays musulmans de se coordonner afin de « punir » Ryad pour ses « crimes ». « Si le problème avec le gouvernement saoudien se limitait au hajj, on aurait peut-être trouvé une solution. Mais malheureusement ce gouvernement commet des crimes quotidiennement dans la région et soutient le terrorisme. » Les relations entre l’Iran chiite et l’Arabie saoudite sunnite ne cessent de s’envenimer depuis plusieurs années. Les deux pays s’opposent sur toutes les questions régionales, notamment à propos de la Syrie, du Yémen, de l’Irak ou encore de Bahreïn. Leurs relations diplomatiques sont rompues depuis janvier à l’initiative de Ryad après l’attaque de son ambassade à Téhéran par des manifestants protestant contre l’exécution en Arabie d’un dignitaire religieux chiite.

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