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Les suites laborieuses de l’accord de trêve russo-américain en Syrie

C’était une avancée historique. Un accord scellé samedi 10 septembre entre les Américains et les Russes, censé lancer la décélération progressive d’un conflit qui a fait plus de 300.000 morts et jeté des millions de syriens sur la route. Depuis le début de la guerre civile, il y a cinq ans, aucun accord de trêve annoncé n’a réellement pu être mis en place. Le régime et les rebelles se sont toujours mutuellement accusés de violations. Au terme d’une journée de négociations marathon à Genève vendredi, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov avaient finalement fixé le début d’une nouvelle trêve à lundi matin.

Au terme du texte, Russes et Américains devaient mettre sur pied un « Centre de coordination opérationnelle » leur permettant de partager du renseignement concernant les groupes terroristes de l’Etat islamique et la branche locale d’Al Qaïda, le Front al-Nosra récemment rebaptisé Front de la conquête du Levant. Washington s’engageait à faire la liste des groupes rebelles qui s’étaient clairement associés de l’Islam radical, et s’engager à ne plus les soutenir. En parallèle, l’aviation syrienne s’engageait à ne plus bombarder que les zones tenues par Nosra et d’autres groupes djihadistes. Jusqu’à maintenant, des divergences profondes séparaient Washington et Moscou sur la définition des groupes « terroristes ».

Le gouvernement syrien a approuvé ce texte dans la journée l’accord. « Le gouvernement syrien a approuvé l’accord russo-américain (…) dont l’un des objectifs est de parvenir à une solution politique à la crise en Syrie », a indiqué l’agence officielle syrienne Sana. Le régime a promis « une cessation des hostilités dans la ville d’Alep pour des raisons humanitaires ». Cependant, au lendemain de cette annonce, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a rapporté que des raids aériens ont tué 58 personnes dans la ville rebelle d’Idleb (nord-ouest), 12 civils dans les quartiers insurgés d’Alep (nord) et 18 personnes dans d’autres localités de la province. L’observatoire n’a néanmoins pas pu identifier les auteurs des frappes.

Un important groupe islamiste rebelle, Ahrar al-Cham, a néanmoins déjà rejeté l’accord. Selon lui, il ne fera que « renforcer » le régime de Damas et « augmenter la souffrance du peuple ». « Le peuple (syrien) ne peut pas accepter des demi-solutions », a affirmé Ali el-Omar, adjoint du commandant général du groupe. Ce dernier a dénoncé un accord qui « vise à éliminer ceux qui protègent les Syriens » et qui « ne tient pas compte des combattants sur le terrain ». Pour eux, se séparer de la frange radicale des rebelles affaiblirait trop les opposants au régime. Du reste, la constellation de groupes rebelles, islamistes ou non, ainsi que l’opposition politique, n’ont pas encore donné de réponse officielle.

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