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Daech sans voix

La nouvelle a finalement été confirmée par l’Etat islamique. Lundi 10 octobre, la mort d’Abou Mohammed al-Furqan, djihadiste présenté comme le responsable des médias dans l’organisation terroriste, a été confirmée à travers un éloge posthume diffusé sur internet. Washington avait annoncé sa mort probable lors d’une frappe aérienne sur Raqqa le 7 septembre dernier. D’après le Pentagone, ce proche collaborateur du numéro deux du groupe djihadiste, la « voix de l’EI » Abou Mohammed al-Adnani, tué par une frappe de la coalition le 30 août, avait notamment « supervisé » la production des vidéos montrant tortures et exécutions, abondamment diffusées par les djihadistes sur les réseaux sociaux.

Etat islamique subit depuis plusieurs mois des revers militaires, qui lui ont valu de perdre plus de 40% de son territoire. Perdant tour à tour Tikrit et Fallouja en Irak, mais aussi Sinjar dans le Kurdistan irakien, l’EI a été contraint à ne retraite généralisée. Après avoir contrôlé près de 60 000 km2 en octobre 2014 – son plus haut niveau –, quatre mois après la proclamation du « califat », l’organisation s’est effondrée à environ 32 000 km2 au début du mois d’octobre 2016.

L’engin de propagande de l’EI a en conséquence largement décliné. Selon une étude du Combating Terrorism Center de l’Académie militaire des Etats-Unis (West Point), le nombre de contenus avec images ou vidéos publiés par l’organisation Etat islamique (EI) a été divisé par quatre en un an. Au plus fort de son activité, la cellule médias de Daech diffusait plus de 700 publications par mois. « Il ne s’agit pas juste d’un déclin numérique », commente le directeur d’études et auteur du rapport, Daniel Milton. « Leur principal ‘argumentaire de vente’ était l’instauration du califat (…) qui était au cœur de leur stratégie de séduction. »

Soucieux d’attirer en plus des djihadistes étrangers, leurs familles, Daech s’évertuait à montrer un jeune pays doté d’institutions et d’infrastructures solides, ainsi qu’une capitale, Raqqa, en plein boom économique. Des images qui ont tout bonnement disparu. Plus révélateur encore, les vidéos d’exécutions de combattants ennemis ont sensiblement décliné pour laisser place à celles de djihadistes accusés de trahison. Si bien que l’Etat islamique est devenu moins attractif. En avril, le Pentagone rapportait que le flux de combattants étrangers rejoignant la Syrie avait été divisé par 10 en un an, passant de 2.000 par mois à 200 par mois.

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