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Les énergies renouvelables confortées par la hausse des cours pétroliers

Annoncée fin septembre par l’Opep, la réduction de la production pétrolière a déjà provoqué une hausse significative du prix du baril. Une excellente nouvelle pour les pays producteurs et surtout pour les non-producteurs, qui sont nombreux sur chaque continent à avoir développé d’autres sources d’énergie. C’est notamment le cas de l’Afrique du Sud, de la Turquie et du Kazakhstan, qui se distinguent sur leur continent respectif.

Le 28 septembre dernier à Alger (Algérie), les 14 pays membres de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ont créé une surprise mondiale en décidant de limiter leur production de pétrole. Pour la première fois depuis 2008, l’organisation, qui fournit 40 % de l’or noir sur la planète, a annoncé vouloir se restreindre à 32,5 voire 33 millions de barils par jour, contre 33,47 millions au mois d’août 2016. Conséquence immédiate : en quelques heures, le cours du brut a augmenté de 6 %, la plus forte hausse depuis six mois.

Car depuis l’été 2014, le prix du baril a été divisé de moitié, chutant à 40 dollars du fait de l’offre excédentaire et de la récente exploitation des gaz de schiste, notamment aux États-Unis. L’effondrement du marché a profondément touché des pays comme l’Arabie saoudite, deuxième plus gros producteur mondial. Avec 73 % de ses recettes nationales provenant du pétrole, le Royaume a enregistré un déficit record de 13,5 % de son PNB en 2015. A la suite de l’annonce de l’Opep, 700 000 barils seront produits en moins chaque jour, soit environ 1 % de recul, redonnant à l’or noir davantage de valeur. Le prix du baril pourrait même repasser au-dessus de la barre des 60 dollars, selon le quotidien britannique The Guardian, même si les modalités de mise en application restent à définir fin novembre à Vienne (Autriche).

Astana Expo-2017

Depuis deux ans, la diminution souvent conséquente des revenus des pays producteurs de pétrole a démontré l’intérêt d’investir durablement dans les énergies vertes. Même si la remontée annoncée du prix du baril devrait mathématiquement augmenter les ressources pétrolières, l’investissement dans le renouvelable a prouvé qu’il était une valeur sûre, surtout pour les pays non-producteurs. Nombreux sont ceux, qu’ils dépendent ou non du pétrole, à avoir développé des projets reposant sur les technologies solaire, éolienne, hydraulique et géothermique afin d’augmenter leur indépendance énergétique, et donc économique.

En Asie, le Kazakhstan, 17e plus gros producteur mondial de pétrole, fait figure de valeur montante dans le domaine. Kanat Bozumbayev, ministre de l’énergie, s’est engagé à poursuivre les efforts en matière d’énergie verte entamés alors que le baril était encore à 120 dollars, et ce même si les prix descendent à 20 dollars. Adoptant une approche « progressive » jusqu’en 2020, le Kazakhstan entend augmenter de 50 % sa production de biogaz pour booster ses exportations et pourvoir aux besoins domestiques. Cette politique verte vise également à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 15 % entre 2021 et 2030, avec l’objectif d’atteindre jusqu’à 25 %. En 2017, le pays d’Asie Centrale entendra démontrer son engagement et son savoir-faire lors de l’Astana EXPO-2017, un événement mondial organisé dans la capitale kazakhe du 10 juin au 10 septembre prochains. Avec 5 millions de visiteurs attendus tout au long des 93 jours de l’exposition, cet immense salon devrait réunir plus d’une centaine de pays ainsi qu’une vingtaine d’organisations internationales pour promouvoir le recours aux sources d’énergie renouvelable.

Potentiel africain

De l’autre côté de la Mer Caspienne, la Turquie a également pris le virage de la croissance verte en investissant plus de 2 milliards de dollars dans le secteur en 2015, soit une augmentation de 46 % par rapport à 2014. En cinq ans, le pays a quadruplé la puissance produite à base d’énergies renouvelables, qui devraient représenter 30 % de sa production énergétique totale d’ici 2023. Grâce à ses ressources solaire, hydraulique et géothermique, Ankara est grimpée à la 20e place mondiale en termes d’énergies renouvelables l’an dernier. Mais les progrès les plus impressionnants restent à effectuer en Afrique, où près de deux tiers de la population n’a toujours pas accès à l’électricité.

Face aux besoins colossaux d’une population qui devrait doubler d’ici 2050, le recours aux ressources renouvelables a explosé en 2016 sur le continent africain, avec autant de nouvelles installations d’énergies vertes en une année qu’entre 2000 et 2013, selon l’agence Bloomberg New Energy Finance. Avec 7 milliards d’euros d’investissements prévus en 2017, contre un milliard annuel entre 2006 et 2011, l’Afrique devrait se doter de 10 GW supplémentaires d’ici 2020 et de 300 GW en 2030, contre 150 GW issus de source fossile actuellement. Lancé par la Banque africaine de développement (BAD), l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (AREI) espère réunir 50 milliards de dollars d’investissements par an sur les dix prochaines années pour atteindre ces objectifs. D’ici à 2030, la production de source verte devrait pourvoir à près d’un quart (22 %) de la consommation énergétique africaine contre 5 % actuellement, selon les projections de l’AREI.

Grâce aux investissements en interne et en provenance de l’étranger, de nombreuses initiatives ont vu le jour sur l’ensemble du territoire africain. L’Afrique du Sud, leader continental avec l’équivalent de 3,9 GW de projets essentiellement éoliens et solaires en cours de réalisation d’ici deux ans, devrait atteindre 40 GW de nouvelles capacités électriques, dont 44,4 % d’origine renouvelable (17,8 GW). Comme l’Ouganda et le Maroc, le coût de production y a diminué de 50 à 70 % en cinq ans, pour atteindre 10 à 15 centimes de dollars le KWh. Autant de remparts contre les inévitables fluctuations des cours pétroliers dans la roulette de la bourse mondiale.

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