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Syrie : Daech perd Dabiq, ville clé de sa propagande

Des rebelles syriens soutenus par la Turquie ont infligé une cinglante défaite dimanche au groupe État Islamique (EI) en Syrie en s’emparant de la ville de Dabiq. Dabiq, qui se situe au nord d’Alep, à une dizaine de kilomètres de la frontière turque, a une forte portée symbolique pour les djihadistes : dans l’eschatologie islamique, cette ville est le lieu d’une bataille entre les « infidèles » – les Roum dans le texte, littéralement les romains, soit les Byzantins, au temps de Mahomet – et les forces musulmanes. Ces dernières, après avoir frôlé une humiliante défaite, finiront par triompher et initier la « fin des temps » professée par Daech. Les djihadistes promettaient qu’elle serait le « tombeau » final des « croisés » – terme par lequel ils désignent la coalition internationale formée pour les combattre.  C’est en hommage à cette prophétie que la revue anglophone de Daech porte le nom de la ville.

Ce sont finalement des rebelles syriens sunnites, appuyés par la Turquie, qui ont expulsé les djihadistes, et non les « armées croisées » escomptées. Ahmed Osman, le chef de la Brigade Sultan Mourad, un groupe rebelle composé principalement de Turkmènes et affilié à l’armée syrienne libre, a précisé que les rebelles avaient aussi capturé Soran, une localité mitoyenne. « Daesh contrôle certains villages entourant cette région, mais l’Armée Syrienne Libre avance dans cette zone et bien sûr, l’objectif est d’avancer vers Al-Bab et de libérer entièrement Manbij », a déclaré Mevlut Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères. Le territoire tenu par l’EI en Irak et en Syrie continue de se réduire. Selon l’agence officielle turque Anadolu, les rebelles soutenus par la Turquie se sont emparés de 1 130 km2 depuis fin août. Le « califat », qui s’étendait sur 90 800 km2 début 2015, se limite aujourd’hui à 68 300 km2, selon la firme américaine IHS.

Cette défaite de l’EI intervient alors qu’à Lausanne (Suisse), le secrétaire d’État américain John Kerry tente de relancer les négociations de paix entourant le conflit syrien. A Alep, 250 000 personnes sont toujours prises au piège de la ville assiégée par les forces syriennes de Bachar al-Assad soutenues par l’aviation russe. La ligne de front se situe dans la vieille ville, en plein cœur de l’agglomération. Dimanche, les quartiers rebelles ont de nouveau été bombardés.

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