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Turquie : le HDP boude le parlement après l’arrestation de 9 députés

Nouvelle vague de répression en Turquie : 9 députés du HDP, troisième parti de Turquie et principal parti d’opposition, dont les deux coprésidents, Selahattin Demirtas et Mme Figen Yüksekdag, ont été arrêtés dans la nuit de jeudi à vendredi. Ils sont accusés d’appartenir ou d’être liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Au moment de ces arrestations, l’accès à des services tels que Twitter, Facebook et WhatsApp a été temporairement bloqué dans le pays.  Ces incarcérations marquent une nouvelle intensification de la répression exercée contre les dissidents dans le cadre de l’état d’urgence mis en place dans le pays après une tentative de putsch ratée de cet été. Pour l’opposition, il s’agit d’une étape de plus dans le plan poursuivi par le président turc pour s’attribuer les pleins pouvoirs. Un avis partagé par plusieurs ONG de défense des Droits de l’Homme.

« Ces arrestations, qui interviennent à la suite de la fermeture, par décret de l’exécutif, des médias kurdes en Turquie, et de l’arrestation des deux maires de Diyarbakır, portent gravement atteinte aux droits à la liberté d’expression et d’association et restreignent sévèrement la capacité de participer à la vie publique », déplore John Dalhuisen, directeur du programme Europe d’Amnesty International.  « Le scénario habituel d’arrestations arbitraires opérées sur la base d’accusations de terrorisme forgées de toutes pièces et suivies de procès spectacles politiques ne doit pas se dérouler. Compte tenu de l’absence de tout élément crédible prouvant que des infractions ont été commises, ces personnes doivent être immédiatement libérées », poursuit-il.

Des enquêtes ont été ouvertes sur 54 des 59 députés du HDP. L’immunité parlementaire a été levée en mai, ce qui a été interprété comme une mesure destinée à permettre des poursuites judiciaires contre les députés de ce parti. Il a réagi à cette vague d’arrestations dans un communiqué, expliquant : « notre groupe parlementaire et les dirigeants de notre parti ont pris la décision de cesser tout travail dans les organes législatifs après cette attaque totale ». Pour le Comité exécutif central du HDP, c’est bien à un autre « coup d’état » qu’on assiste aujourd’hui en Turquie. En septembre, dans le sud-est de la Turquie majoritairement kurde, 24 maires élus appartenant à des partis politiques kurdes autonomistes ont été remplacés par décret de l’exécutif et le week-end dernier, les deux maires HDP de la municipalité de Diyarbakır ont été arrêtés et remplacés par un mandataire.

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