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Le Qatar blacklisté par l’Arabie saoudite et ses alliés, sur fond de tension avec l’Iran

Divisions parmi les pays sunnites du Golfe : Lundi 5 juin, l’Egypte, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont décidé de mette un terme à leurs relations diplomatiques avec le voisin qatari. Pourtant, les monarchies sunnites du golfe étaient officiellement et depuis plusieurs décennies alliées. Doha a dénoncé une décision « injustifiée » et « sans fondement ». Pour le ministère qatari des Affaires étrangères, elle a un « objectif clair : placer le Qatar sous tutelle, ce qui marque une violation de sa souveraineté. »

Les mesures prises contre le Qatar sont d’une brutalité étonnante : les pays du golfe et l’Egypte ont précédé à la fermeture de leurs frontières terrestres et maritimes avec Doha, la suspension des vols de leurs compagnies aériennes en direction de cette ville, la fermeture de leurs espaces aériens à la compagne qatarie Qatar Airways et des restrictions sur le déplacement des personnes. « Le Qatar se retrouve soumis à un véritable blocus économique, auquel il aura le plus grand mal à résister », d’après Andreas Krieg, professeur au King’s College de Londres.

Les trois pays, sous l’impulsion de Riyad, accusent le Qatar de complaisance à l’égard de l’Iran et des mouvements islamistes. Aussi le pays est-il écarté de la coalition militaire intervenant au Yémen contre les rebelles Houtis (shiites). En réalité, il s’agit d’une réaction à un communiqué de l’émir Tamim Ben Hamad Al-Thani, qui qualifiait l’Iran de « puissance islamique régionale qui ne peut pas être ignorée », et conférait le statut de « mouvements de résistance légitimes » au Hamas palestinien et au Hezbollah libanais. Ces propos, démentis par Doha, qui affirme que le site qui a diffusé l’information a été piraté.

Le rapprochement de Doha et de Riyad date de la Révolution islamique en Iran, véritable électrochoc dans la région entière. Le nouveau régime n’aura d cesse de pousser les minorités chiites à la révolution, afin de renverser les familles au pouvoir dans les pays du golfe. Puis, quelques mois plus tard, l’URSS pénètre en Afghanistan, et se positionne à quelques centaines de kilomètres des deux capitales. Enfin, à partir de 1980, la guerre Iran-Irak est le dernier élément de contexte qui pousse des monarchies pétrolières longtemps rivales à s’allier.

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