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Le premier ministre libanais claque la porte

Les Libanais restent encore sous le choc après l’annonce du premier ministre Saad Hariri, qui a pris tout le monde, y compris sa garde rapprochée, par surprise. Samedi dernier, le chef du gouvernement a en effet donné sa démission sur la chaîne saoudienne al-Arabiya, disant craindre pour sa vie, avant d’accuser le Hezbollah chiite d’être « le bras de l’Iran non seulement au Liban mais également dans les autres pays arabes » et Téhéran d’avoir « créé des dissensions parmi les enfants d’un même pays, créé un Etat dans l’Etat […] jusqu’à avoir le dernier mot dans les affaires du Liban ».

Les menaces dont Hariri, un sunnite soutenu par l’Arabie saoudite, dit faire l’objet, font écho à l’assassinat en 2005 de son père Rafic Hariri, ex-Premier-ministre. Cinq membres du Hezbollah ont été mis en cause dans ce meurtre qui a ébranlé le Liban. Le puissant mouvement armé chiite est le seul parti libanais à ne pas avoir déposé les armes après la fin de la guerre civile. Dans un pays habitué aux crises gouvernementales, cette nouvelle inquiète. Les experts prévoient en effet des conséquences plus lourdes que lors des derniers blocages entre Hezbolla et sunnites.

« Quelque chose d’assez anodin a priori – la démission d’un premier ministre – prend au Liban un caractère extraordinaire, explique le politologue Karim El-Mufti. Cela crée un déséquilibre, il y a toujours une peur viscérale de ce qui va venir. » Pour Hilal Khashan, professeur des sciences politique à l’Université américaine de Beyrouth, la décision de Hariri a « commencé une guerre froide qui pourrait dégénérer en guerre civile » sur fond du conflit d’influence entre L’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite.

Le spectre de la guerre civile, enterrée dans la douleur en 1990 après quinze années d’affrontements interconfessionnels, plane encore sur le Liban. Ainsi, en 2008, sur un bref épisode de violence armée avait secoué le pays. Mais, en plus du potentiel conflit interne, les analystes n’écartent pas la possibilité d’une offensive israélienne contre le Hezbollah. Depuis des mois, des dirigeants israéliens menacent le parti chiite d’une intervention en cas de nouvelle crise. Or, le chef de gouvernement démissionnaire vient de donner un signal fort en ce sens. 

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