Site icon La Revue Internationale

Iran : la fin du mouvement social ?

url.jpgurl.jpg

Depuis le 28 décembre dernier, des milliers d’iraniens se sont mobilisés contre la vie chère et le gouvernement du président Hassan Rohani, mais également contre le Guide suprême de la révolution islamique, Ali Khamenei. La tension n’a cessé de croitre au cours de ces journées, et les mouvements sont devenus plus violents dimanche soir menant au décès de 21 personnes (dont quatre dans le rang des forces de l’ordre) et des centaines d’arrestations – 450 dans la seule capitale, Téhéran. 

Ce mouvement sans leader a avant tout des revendications sociales. La colère des Iraniens s’est d’abord portée sur les hausses des prix – celui des œufs, notamment, qui a grimpé de 40 % – et l’annonce de l’arrêt des subventions versées aux plus démunis. L’économie iranienne peine à repartir malgré la levée des sanctions de l’accord sur le nucléaire de juillet 2015. Le taux de chômage des jeunes iraniens atteint par exemple 30 %.

Le chef des Gardiens de la révolution, Mohammad Ali Jafari, a affirmé mercredi soir que les manifestations contre le régime étaient terminées. Cette annonce a suivi des manifestations pro régime massives. Des dizaines de milliers de personnes y ont exprimé leur soutien au gouvernement. Le général Jafari a également fait valoir que les « antis » avaient été « entraînés » par les Etats-Unis pour « fomenter des troubles en Iran ».

Après avoir gardé le silence pendant plusieurs jours, le dirigeant politique iranien Hassan Rohani a fini par prendre la parole le 31 décembre pour appeler au calme et se montrer plutôt conciliant. S’il a sans surprise rejeté « la violence et la destruction de biens publics », il a reconnu la légitimité des revendications économiques de la population. « Nous accueillons positivement les critiques », a-t-il déclaré.

La situation est cale depuis. Ce matin, le déploiement policier était moins visible que les jours précédents. Il s’agit néanmoins du plus important mouvement de contestation depuis 2009, lorsque les Iraniens s’étaient opposés à la réélection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad après des élections largement considérées comme frauduleuses. En outre, relative reconnaissance d’une contestation de la part des autorités et des médias iraniens est une première.

Il s’agit également de la première contestation qui vise directement le Guide suprême de la révolution islamique et du Conseil des gardiens, l’ayatollah Khamenei. Ces mouvements expriment avant tout une contestation économique.

Quitter la version mobile