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Erdogan peine à enrayer la crise de la livre turque

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La livre turque n’en finit pas de dégringoler. Elle a perdu plus de 40 % de sa valeur face au dollar et à l’euro, faisant souffler un vent de panique sur les marchés à travers le monde. Ce lundi, la Bourse de Tokyo a fini en forte baisse (près de -2% à 21.857 points environ) et les Bourses européennes ouvraient dans le rouge. Cette chute a été déclenchée par un « vendredi noir », durant lequel la devise nationale s’est effondrée de 16 % en une seule journée. Selon Bloomberg, la volatilité sur 10 jours de la monnaie était supérieure à celle du bitcoin, égalée seulement par le renminbi chinois.

La livre turque a encore perdu 7 % contre le dollar dans la journée de lundi, malgré l’annonce de mesures pour stopper l’hémorragie. La banque centrale de Turquie avait ainsi indiqué qu’elle fournirait toutes les liquidités dont les banques auraient besoin pour sécuriser la stabilité financière des établissements en difficulté. Mais l’effet positif de cette annonce a disparu quelques heures plus tard, lorsque le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé Wahington d’avoir « comploté » pour nuire à la devise turque et de chercher à frapper la Turquie « dans le dos ».

« D’un côté, vous êtes avec nous dans l’Otan et, de l’autre, vous cherchez à frapper votre partenaire stratégique dans le dos. Une telle chose est-elle acceptable ? », a déclaré le Président. « Quel est le motif de cette tempête dans un verre d’eau ? Il n’y a aucune raison économique […]. Il s’agit d’une opération menée contre la Turquie » a-t-il expliqué. Il a par ailleurs décidé de poursuivre en justice les usagers de 346 comptes twitter accusés de « mettre en péril l’économie turque en publiant des informations provocatrices sur le taux de change entre la livre et le dollar ».

« Cette crise était prévisible », tempère l’économiste Ozlem Albayrak. Inflation galopante (16 % en juillet en glissement annuel), augmentation de la dette extérieure, chute de la livre turque de 40 % depuis le début de l’année : les signaux d’alerte s’accumulent. Plus largement, les économistes s’inquiètent de la mainmise de M. Erdogan sur l’économie, renforcée après sa réélection en juin dernier. « Ils sont toujours en retard, toujours en train de rattraper, toujours trop tard, et il y a alors déjà eu des dégâts. C’est un cas d’école sur la manière de ne pas gérer une crise », a pour sa part réagi l’économiste Timothy Ash, de BlueBay Asset Management, sur Twitter.

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