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Jair Bolsonaro vainqueur de la présidentielle brésilienne

Jair Bolsonaro a largement remporté dimanche l’élection présidentielle brésilienne avec 55 % des voix. Porté par l’insécurité et la corruption, l’homme qui a promis de « changer le destin du Brésil » inquiète les démocrates, les écologistes et les économistes.

Ce dimanche, le très controversé Jair Bolsonaro, s’est imposé lors du second tour de la présidentielle brésilienne. Il succèdera donc à Michel Temer pour un mandat de quatre ans, qui commencer le 1er janvier prochain. Avec 55,13 % des suffrages – soit environs 58 millions de voix – l’ancien militaire l’emporte haut la main sur un Parti travailliste largement affaibli par des scandales de corruption ainsi que la perte de successive de la Présidente Dilma Rousseff et de son leader historique, l’ex-président emprisonné Lula, incarcéré depuis avril dernier.

Dans son premier discours après l’annonce des résultats, son opposant au second round du scrutin électoral, Fernando Haddad (44,87 % des votes) s’est gardé de féliciter le vainqueur et a plutôt demandé que ses « 45 millions d’électeurs soient respectés ». Son allocution, glaciale, montre à quel point le Brésil est aujourd’hui polarisé : « Les droits civiques, politiques, du travail et sociaux sont en jeu maintenant. Nous avons la responsabilité de représenter une opposition qui place les intérêts de la nation au-dessus de tout. »

En présence de sa troisième épouse, Michelle, et d’un pasteur évangélique, Jair Bolsonaro a accueilli les résultats avec ferveur. « Nous ne pouvons plus continuer à flirter avec le socialisme, le communisme, le populisme de gauche », a-t-il estimé. Il a aussi promis de mettre à terme à la violence endémique qui gangrène le pays. Le Brésil a en effet a cumulé 64 000 morts en 2017, dont 5000 personnes tuées par la police, et quelques 700 fusillades recensées dans le seul État de Rio en janvier dernier (soit près de 22 par jour).

Dès l’annonce de son élection, Bolsonaro a aussi cherché à rassurer ceux qui voyaient en lui le retour de la dictature militaire (1964-1985) au cours de laquelle il a officié au sein de l’armée. Il a ainsi promis que son gouvernement « défendra la Constitution, la démocratie, la liberté ». « Cela n’est ni la promesse d’un parti, ni la parole vaine d’un homme, mais c’est un serment devant Dieu » a-t-il poursuivi. Pourtant, ce dernier a multiplié les menaces contre l’opposition durant sa campagne : « Nous allons éliminer de la carte les bandits rouges. Soit, ils iront en prison, soit ils partiront en exil ».

Dans une déclaration inédite peu avant la fermeture des bureaux des votes, le président de la Cour Suprême Dias Toffoli a demandé au futur président de respecter la Constitution et « les objectifs fondamentaux de la République fédérative du Brésil : premièrement, construire une société libre, juste et solidaire ; deuxièmement, garantir le développement national ; troisièmement, éradiquer la pauvreté et la marginalisation et réduire les inégalités sociales et régionales. » Cette sortie n’est pas anodine et fait écho aux multiples provocation racistes, homophobes et misogynes du candidat.

Le futur dirigeant s’est aussi illustré par des promesses véritablement désastreuses pour l’environnement. L’homme qui voulait « privatiser l’Amazonie » a apporté son soutien à des projets controversés de centrales hydroélectriques, responsables, s’ils sont menés à bien, d’une grave et importante déforestation. Bolsonaro s’était également agacé d’un suppos délai de « 10 ans » pour « détruire un arbre déjà mort ». Il prévoit également de fusionner les ministères de l’agriculture et de l’environnement afin de régler « beaucoup de problèmes de la classe productrice du secteur ».

D’autres pointent aussi du doigt la faiblesse de son programme économique – alors même que le Brésil connait une crise économique historique.  « L’économie brésilienne a connu la pire récession en 2015 et 2016 avec une baisse du PIB de 3,5% », explique Georges Dib économiste chez Euler Hermes.  « Une des seules propositions chiffrées de Bolsonaro est d’éliminer le déficit primaire de l’État », note-t-il. « Mais le FMI prévoit un déficit de 2,4% en 2018. Il ne propose rien de concret pour parvenir à ce résultat sinon de stopper la corruption et de couper dans les dépenses, sans préciser lesquelles. »

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