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En Egypte, l’Etat en garant de la liberté et de la pluralité religieuses

Face à la menace des groupes extrémistes, l’Égypte continue de défendre le droit à la liberté religieuse. C’est le message que le président Abdel Fattah al-Sissi a tenu à faire passer en inaugurant, dimanche 6 janvier, à l’occasion du Noël copte, une gigantesque cathédrale dans la future capitale administrative égyptienne. Construite en même temps que la mosquée Al-Fattah al-Alim voisine, elle est désormais la plus grande cathédrale du Proche-Orient. « Nous ne faisons qu’un et nous ne ferons toujours qu’un », a déclaré le président Sissi à cette occasion. 

« Tout citoyen a le droit d’exercer son culte à sa guise »

L’Égypte compte environ 10 millions de coptes, soit 10 % de sa population. Une communauté régulièrement visée par des groupes islamistes, contexte sécuritaire tendu soulignant    l’importance de l’inauguration par le président de la cathédrale de la Nativité, saluée par les dirigeants du monde entier. Donald Trump s’est ainsi dit « ravi de voir nos amis en Égypte ouvrir la plus grande cathédrale du Moyen-Orient ». Pour le locataire de la Maison Blanche, « le président Sissi fait avancer son pays vers un avenir plus inclusif ».

Mike Pompeo s’est quant à lui félicité de ce « grand symbole d’espoir pour Le Caire, l’Égypte et tout le Moyen-Orient ». En visitant la cathédrale et la mosquée de la nouvelle capitale administrative, le chef de la diplomatie américaine a rappelé que « les gouvernements sont dans l’obligation de faire en sorte que chaque individu puisse choisir de croire en ce qu’il veut ou de ne pas croire ».

Une déclaration qui fait écho aux paroles prononcées par le président égyptien lors du forum mondial de la jeunesse, qui s’est tenu à Charm el-Cheikh du 3 au 6 novembre derniers. « Auparavant, l’État égyptien n’avait jamais envisagé de construire pour ses citoyens des lieux de culte autres que des mosquées. Aujourd’hui, la situation est différente. L’État s’est engagé à construire dans chaque nouvelle communauté […] des églises pour ses citoyens, car ils ont le droit de prier comme tout le monde. Si nous avions d’autres religions en Égypte, nous leur aurions construit des lieux de culte. Si nous avions des juifs, nous leur aurions construit [des synagogues] et nous aurions fait de même pour les autres religions. Pourquoi ? Parce que tout citoyen a le droit d’exercer son culte à sa guise et qu’il a le droit de ne pas pratiquer de culte du tout. Nous ne nous mêlons pas de cela », a souligné le président.

Lieux de culte régularisés

C’est particulièrement vrai depuis août 2016, date à laquelle la loi portant sur la construction de lieux de culte a été approuvée dans le pays. Attendue de longue date par la communauté chrétienne, la nouvelle loi simplifie les procédures pour construire ou rénover des églises. Elle attribue notamment aux gouverneurs de province le pouvoir de délivrer des permis de construction ou de rénovation, une compétence jusqu’alors réservée aux services de sécurité, qui refusaient souvent les autorisations.

Depuis l’entrée en vigueur de la loi, le nombre d’églises régularisées ne cesse de s’accroître. Le gouvernorat rural de Minya a ainsi approuvé les demandes de restauration ou d’agrandissement d’une vingtaine d’églises. En mars dernier, le gouvernement égyptien a fourni des attestations de pleine régularité juridique à 53 églises et édifices annexes de service. Deux mois plus tard, en mai 2018, 215 églises et édifices annexes ont été régularisés. Au total, quelque 3 000 lieux de culte devront être examinés par la Commission gouvernementale afin de vérifier s’ils respectent les critères de la nouvelle loi. Longtemps mis en avant par les dirigeants du pays, les discours sur la tolérance religieuse devraient enfin se traduire en actes dans la vie quotidienne de millions de chrétiens et des Egyptiens en général.

Un volontarisme n’ayant pas échappé à Emmanuel Macron, qui a profité de sa visite au Caire, fin janvier, pour rencontrer le pape des coptes, Théodore II, et visiter la cathédrale Saint-Marc du Caire. « Je sais aussi tout le travail qui est fait aujourd’hui avec le gouvernement pour que la sécurité soit assurée et que vous puissiez croire dans une société apaisée », a-t-il écrit dans le livre d’or de la cathédrale. Avant d’ajouter, toujours à l’adresse des coptes : « Je considère que le pluralisme et ce que vous portez aujourd’hui en Égypte et dans toute la région est un élément essentiel de la pacification ». 

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