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En Libye, la France soutient le maréchal Haftar

Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a toujours entretenu de bonnes relations avec l’homme fort de l’Est du pays, mais aujourd’hui, cette connexion pourrait bien placer Paris dans l’embarras. 

Incontournable

Déjà lorsqu’il était ministre de la Défense de François Hollande, monsieur Le Drian prônait une coopération avec le maréchal Haftar. Bénéficiant du soutien de l’Egypte, de la Russie et des Emirats arabes unis, celui-ci apparaissait comme incontournable pour combattre le terrorisme. Cette coopération a notamment pris la forme d’envois d’équipes des services français en Libye, sources de nombreuses polémiques. 

Jean-Yves Le Drian, qui qualifie Haftar de « réalité de terrain », a convaincu le président Macron, dès juillet 2017 (deux mois seulement donc après son entrée en fonction), d’organiser une médiation sur la Libye. La première rencontre pour une « réconciliation nationale » rassemblant le Premier ministre Sarraj et le maréchal Haftar a donc eu lieu à La Celle-Saint-Cloud.

Macron est également le premier dirigeant occidental à avoir reçu le maréchal, avant d’accueillir les deux hommes forts de Libye un an plus tard, en mai 2018, à l’Elysée. Lors de cette rencontre, une feuille de route concernant l’organisation de futures élections avait été adoptée, mais elle est jusqu’à présent restée lettre morte. 

Embarras français

L’offensive sur Tripoli du maréchal Haftar, engagée jeudi 4 avril, a porté un grand coup au processus d’apaisement conduit par l’émissaire spécial des Nations unies, Ghassan Salamé. Mais l’opération est également source d’embarras côté français, car même si Paris réfute son implication et affiche son soutien à la médiation de l’ONU, c’est en partie à cause de la France qu’Haftar a réussi à se crédibiliser comme un protagoniste incontournable de la crise libyenne.

Samedi 6 avril, les ministres des affaires étrangères du G7, réunis à Dinard, ont mis en garde « tout acteur libyen alimentant le conflit civil ». Ils n’ont cité personne en particulier, mais le ministre allemand, Heiko Maas, a précisé que le maréchal était le premier visé. Jean-Yves Le Drian, lui, a préféré opter pour la retenue, en déclarant que la solution ne pouvait être qu’une solution politique. 

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