Mardi 16 avril, à 9h30, le trafic a soudainement été interrompu à l’aéroport de Berlin-Schönefeld en raison de « la présence d’un avion défectueux sur la piste de décollage et d’atterrissage ». Or, « l’avion défectueux » n’était pas n’importe quel avion, puisqu’il s’agissait d’un Bombardier Global 5000 appartenant à la flotte gouvernementale.
Incidents à répétition
Cette avarie est loin d’être la première, car à son arrivée au pouvoir, en 2005, la chancelière Angela Merkel a hérité d’une flotte vétuste, composée en partie d’appareils datant de l’Ex-Allemagne de l’Est. Sur les douze derniers mois, l’aviation allemande a connu quatre incidents.
En juin 2018, une défaillance du système hydraulique empêcha le président de la République, monsieur Steinmeier, de rejoindre Minsk, où il devait participer à l’inauguration d’un monument à la mémoire des victimes du nazisme en Biélorussie.
En octobre, Olaf Scholz, ministre des Finances, dut rentrer de Bali sur un vol commercial, car des rongeurs s’étaient attaqués au câblage de l’Airbus A340 Konrad-Adenauer.
Un mois plus tard, un problème électrique touchant le système de communication immobilisa l’avion de madame Merkel. Elle arriva avec douze heures de retard au G20 de Buenos Aires, via un avion de ligne pris à Madrid.
Le 1er avril, l’atterrissage du Konrad-Adenauer à New York ne se déroula pas comme prévu, et le ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas, arriva en retard aux Nations unies, précisément le jour où l’Allemagne prenait la présidence du Conseil de sécurité.
« Au niveau d’un pays en développement »
Jusqu’à récemment, les membres du gouvernement victimes de ces avaries essayaient de rester discrets. Ils ne voulaient pas alimenter le débat sur l’état préoccupant de la Luftwaffe, l’aviation allemande, dont la moitié des Eurofighter, des Tornado et des avions de transport militaire ne sont plus en état de voler (d’après le dernier rapport annuel du commissaire parlementaire aux forces armées, publié en janvier).
Mais les choses ont changé en janvier, suite à la désastreuse tournée africaine du ministre du Développement, Gerd Müller, dont l’avion est tombé deux fois en panne en cinq jours. Obligé de regagner l’Allemagne sur un vol commercial, le ministre s’est emporté face aux caméras : « Le Made in Germany en a pris un gros coup en Afrique. Nous sommes au niveaud’un pays en développement. La chancelière et ses ministres doivent pouvoir voler sans problème à tout moment ! »