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Tripoli déplore le soutien de la France au maréchal Haftar

Libye, FranceLibye, France

Deux semaines après l’assaut de Tripoli par les troupes du maréchal Haftar, le Premier ministre libyen Faïez Sarraj dénonce la position « peu claire » de la France dans ce conflit. 

Depuis le 4 avril, les combats ont fait 227 morts et 1 128 blessés, selon un bilan établi lundi par les Nations unies, et la ligne de front entre les troupes de l’Armée nationale libyenne (ANL) de Haftar et la coalition de forces défendant Tripoli s’étale sur 150 km, mais avec seulement « 60 km de front actif ».

Rancoeur antifrançaise

« Nous sommes surpris et perplexes face à la position de la France », avoue monsieur Sarraj. « Comment la France qui aspire à la liberté, aux droits de l’homme et à la démocratie, peut-elle avoir une position si peu claire à l’égard de notre peuple, qui aspire aux mêmes valeurs ? »

Faïez Sarraj, même s’il admet que la France « reconnaît le gouvernement d’accord national de Tripoli », regrette que Paris fournisse aussi un soutien au maréchal Haftar. « Le soutien non proportionné de la France à monsieur Haftar est ce qui l’a décidé à passer à l’action et à sortir du processus politique », affirme-t-il.

Le ministre de l’Intérieur Fathi Bashagha a, quant à lui, décidé de supprimer la coopération sécuritaire de son ministère avec la France. Cette mesure semble embarrasser monsieur Sarraj, mais il ne désavoue pas son ministre pour autant. « C’est sa décision en tant que ministre, c’est sa prérogative », admet-il, s’empressant tout de même d’ajouter : « Il ne s’agit rien de plus qu’une crise dans nos relations. Je pense que nous pouvons la surmonter si la France prend la bonne position. »

Position américaine claire

Vendredi 19 avril, la Maison Blanche a fait savoir que Donald Trump s’était entretenu au téléphone quatre jours plus tôt avec monsieur Haftar, une politesse que le président américain n’a pas rendue à monsieur Sarraj. 

Ce geste a donc aussitôt été interprété comme un basculement de Washington dans le camp pro-Haftar, un revers diplomatique que le Premier ministre s’est efforcé de minimiser. « La position américaine sur la guerre contre le terrorisme est claire », dit-il, tout en niant que ce conflit relève du combat « contre le terrorisme ». Pour Faïez Sarraj, le conflit actuel oppose simplement les tenants d’un régime militaire et autoritaire à ceux d’un Etat civil garantissant les libertés.

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