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Berlin va indemniser les victimes d’une secte nazie au Chili

Paul Schäfer, Allemagne, ChiliPaul Schäfer, Allemagne, Chili

Vendredi 17 mai, le gouvernement allemand a annoncé qu’il verserait des réparations aux victimes de la Colonia Dignidad, une ancienne enclave nazie isolée dans la campagne chilienne, qui a continué à faire des victimes bien après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Enfer sur terre

La « colonie de la dignité », cette cache d’ex-nazis fondée en 1961 par l’ancien caporal nazi Paul Schäfer, rassemblait plusieurs dizaines de familles allemandes, toutes soumises à l’autorité de l’ancien SS. Les quelque 300 habitants, coupés du monde par des barbelés et des miradors, vivaient en totale autarcie grâce à leur propre hôpital, école, barrage hydro-électrique, et même pistes d’atterrissage. 

Paul Schäfer, qui se faisait appeler « el tio permanente » (l’oncle permanent) exerçait un véritable règne de terreur sur son simulacre de Troisième Reich. Il décidait des unions, de la possibilité d’avoir des enfants, et s’octroyait même des droits sur ces derniers. En effet, à la Colonia Dignidad, l’ordre reposait sur un système de mauvais traitement, où l’esclavage et les sévices sexuels sur des enfants étaient monnaie courante.

A la fin de la guerre, l’ancien nazi devenu pasteur luthérien créa une église évangélique, qui lui permit d’ouvrir une « maison de jeunes » sous couvert de laquelle il commit de nombreux viols, sur des orphelins de guerre. En 1961, il dut donc fuir l’Allemagne, où il était recherché pour abus et corruption de mineurs, et se réfugia au Chili, en compagnie de 70 adeptes. C’est là qu’il fonda la Colonia Dignidad, à 350 km au sud de Santiago du Chili.

« Symboliques mais acceptables »

Les 240 survivants de la Colonia Dignidad devraient percevoir jusqu’à 10 000 euros chacun, pour un total d’indemnisations s’élevant à environ 3,5 millions d’euros d’ici à 2024.

La députée écologiste allemande, Renate Künast, défenseuse de longue date de la cause des victimes, a jugé les paiements « symboliques mais acceptables », alors que le Centre européen pour les droits constitutionnels et humains a, en revanche, critiqué le fait que de nombreuses victimes chiliennes n’aient pas été indemnisées.

En effet, en tant qu’ami d’Augusto Pinochet, Paul Schäfer a également participé au coup d’Etat de 1973, et à la torture de nombreux opposants politiques. C’est ce qui explique, d’ailleurs, qu’il n’ait jamais été inquiété avant la chute du dictateur, en 1990.

Paul Schäfer a été arrêté en Argentine en 2005, et est mort en 2010. 

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