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La guerre asymétrique de l’opération «Barkhane»

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Nouvelles armes de prédilection des groupes armés, les mines artisanales, ou engins explosifs improvisés (IED, pour Improvised Explosive Device) sont la principale menace contre l’opération « Barkhane ». Elles sont le symbole de la guerre asymétrique que mène la France au Mali. 

Première cause de mortalité 

Les engins explosifs improvisés sont des explosifs artisanaux confectionnés avec les moyens du bord, et enfouis dans le sol pour exploser au passage d’engins ou d’individus. Au Sahel, les IED ont causé huit des quinze pertes enregistrées par l’opération « Barkhane » depuis le début de son déploiement, en juillet 2014.

Lors de l’opération « Bourgou », menée du 25 mars au 11 avril, les militaires français de « Barkhane » ont découvert une base logistique appartenant à un groupe armé. « C’était la caverne d’Ali Baba des terroristes. Nous sommes tombés sur un centre de fabrication d’IED. Il y avait des centaines de kilos d’explosifs », explique un soldat ayant pris part à l’opération.

« Bourgou » est la première offensive lancée par « Barkhane » dans le Gourma, une région pivot servant de refuge aux groupes armés. Ces « katibas », affiliées au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et à l’Etat islamique dans le grand Sahara (EIGS) s’y cachent, en attendant que leurs mines fassent leur office. 

Presque indétectables 

Contrairement aux mines conventionnelles, très coûteuses, les IED sont fabriqués à partir de ressources locales facilement accessibles, tels les produits agricoles, ce qui les rend particulièrement difficiles à détecter. 

« Ça, c’est du nitrate d’ammonium. Il est généralement mélangé avec du café, du sucre ou du carburant », explique le sergent Hugo. « On ne peut pas priver les villageois de ces ressources. C’est pour cela que les IED sont utilisés dans les guerres asymétriques, comme ici, au Mali. C’est l’arme du faible contre le fort, des groupes armés face aux armées conventionnelles ».

« C’est l’arme des lâches. Ils posent leurs explosifs et ils s’en vont, sans nous affronter », lâche un soldat ayant souhaité conserver l’anonymat.

« Difficile de différencier le futur poseur d’IED du simple citoyen »

Difficile, déjà, car l’argent des trafics permet aux groupes armés de s’attirer les faveurs des populations, mais difficile, surtout, car le futur poseur d’IED et le simple citoyen sont souvent une seule et même personne. 

En effet, la pose d’un IED est payée 300 000 francs CFA (450 euros), et 2 millions de francs CFA s’il tue sa cible, explique une source militaire de haut niveau. Une somme alléchante dans un pays où le salaire moyen est de 40 000 francs CFA (60 euros).

« Quand je suis descendu du véhicule, il y avait un fil électrique qui dépassait du sable. A côté de moi, un enfant a tiré dessus, pour me montrer qu’il n’y avait pas de danger, que ce n’était pas un explosif. Ça m’a choqué qu’un enfant sache ce qu’est un IED », raconte le caporal Kevin.

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