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L’Iran lance un ultimatum aux Européens

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Mercredi 8 mai, l’Iran a renoncé à respecter deux clauses de l’accord international sur son programme nucléaire. Une façon mesurée pour Téhéran de répondre à la pression de Washington, accompagnée tout de même de quelques menaces.

Plan en deux étapes

Mercredi, l’Iran a annoncé qu’elle renonçait à limiter ses productions d’uranium faiblement enrichi et d’eau lourde (utilisée pour refroidir un réacteur nucléaire), jusqu’alors limitées à 300 kg d’uranium enrichi à moins de 3,67 %, et à 13 tonnes d’eau lourde. 

Téhéran va donc commencer à exporter de l’eau lourde vers Oman, et à vendre son uranium enrichi aux Russes, en échange de concentré non raffiné (yellowcake).

La seconde étape du plan de Téhéran concerne les autres pays signataires de l’accord, en particulier les européens ; ceux-ci ont deux mois pour « rendre opérationnels leurs engagements, en particulier dans les secteurs pétrolier et bancaire ». Dans le cas contraire, l’Iran contreviendra à d’autres clauses de l’accord. Téhéran cible ici directement l’outil européen Instex, qui permettrait de maintenir le commerce avec l’Iran, mais sur des biens échappant aux sanctions bancaires américaines ; pas question de pétrole donc.

Double menace

Téhéran a menacé de mettre un terme, d’ici deux mois, à la reconfiguration du réacteur nucléaire d’Arak, que les chinois l’aident à transformer en réacteur de recherche. Le cœur de ce réacteur, initialement destiné à produire du plutonium hautement enrichi, avait été coulé dans le béton suite à l’accord de Vienne de 2015. « La relance d’Arak serait une rupture totale avec l’accord de Vienne, mais même si elle était décidée, elle pourrait prendre des années », nuance toutefois François Nicoullaud, ancien ambassadeur français en Iran.

La seconde menace, plus grave, concerne le point sur lequel s’exerce presque toute la pression internationale ; le degré d’enrichissement de l’uranium. En effet, Téhéran a prévenu qu’au 8 juillet elle pourrait cesser de respecter les restrictions sur l’enrichissement de l’uranium, ce qui la relancerait, de facto, dans la course à l’arme atomique. 

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