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Mouvement 5 étoiles, grand perdant des élections européennes italiennes

Le mouvement 5 étoiles (M5S) jouait sa place leur place sur la scène politique italienne lors des élections européennes. Vainqueur des législatives de 2018 (32,68 %), son alliance avec la Ligue du Nord (parti d’extrême droite, arrivé troisième aux législatives avec 17,35 %) était en train de se retourner contre le parti attrape-tout à mesure qu’il se faisait phagocyter. Une dynamique qui a inévitablement mené à la victoire de la Ligue aux européennes, avec 34,33% des voix. Ce résultat le place devant la liste du Partito democratico (22,69% des voix) et le M5S de Luigi di Maio, (17,07% seulement) – et inverse grosso modo la composition de la majorité lors des législatives.

Avec un taux de participation atteint 54,5% – un score en baisse par rapport à 2014 où il était de 57,2% – la mobilisation en Italie est légèrement supérieure à la moyenne européenne (50,9%). Il ressort de ce côté que les Italiens ont élu une majorité d’eurosceptiques (57% des suffrages exprimés), ce qui renforce l’eurosceptique en chef, Matteo Salvini. Ce dernier, à la tête de son projet d’« alliance européenne de partis nationaux » a en effet réussi à incarner le rejet des élites bruxelloises pour les italiens, mais aussi pour nombre d’européens – agaçant au passage Marine le Pen et Viktor Orban, qui convoitaient tous deux cette position.

Quelle majorité pour l’Italie ?

Salvini avait déclaré dimanche, à la sortie de son bureau de vote que « si la Ligue gagne, rien ne change en Italie, mais tout change en Europe ». Pourtant, ce résultat a des conséquences sérieuses en Italie. Sur le fond, sa victoire rappelle qu’il pas fait preuve d’un grand esprit de groupe au sein la majorité. De fait, l’homme fort l’a joué solo et se donne le bon rôle en prenant position sur des sujets généraux comme la santé, le travail, la morale, la famille, la lutte contre le crime organisé, tout en laissant di Maio porter la responsabilité de la stagnation économique au chef du gouvernement.

Dans une communication coup de poing, principalement axée sur des rivalités directes (Salvini/Macron, Rome/Bruxelles…), Salvini a occupé l’espace médiatique, au point que certains en ont même oublié qu’il n’était que n°2 du gouvernement italien. Devant cette stratégie, Luigi Di Maio, vice-Président du Conseil a tenté de hausser le ton – un peu tard il faut croire. « Nous avons pris une claque, puis deux, et puis nous avons haussé la voix. S’il y a une erreur que nous avons faite, c’est d’avoir été trop bons. Mais désormais nous ne nous laisserons plus faire » avait-il laissé entendre lors du dernier meeting du M5S avant le vote. Avec le résultat qu’on connait.

Les 5 étoiles rattrapés par leurs contradictions

Di Maio, a annoncé mercredi qu’il demanderait un vote de confiance aux adhérents de son parti. « Avant toute décision je veux entendre la voix des citoyens qui m’ont élu chef politique il y a quelques années. Ce sera le M5S dans son ensemble à choisir. Si le Mouvement me renouvelle la confiance, nous nous mettrons au travail et moi personnellement avec encore plus d’engagement et de dévouement. » Pas vraiment un discours de gagnant. Et ce alors même que Matteo Salvini jouait au vainqueur magnanime assurant que « le contrat de gouvernement ne change pas ».

De fait, Salvini a tout intérêt à conserver son alliance avec le seul parti qui acceptera de le soutenir pour former une majorité – où tout parte à croire qu’il sera en pole position lors des prochaines législatives vu la tendance révélée par le vote de dimanche. Et d’ici là, il saura certainement exploiter les faiblesses d’un M5S hétéroclite au sein duquel les dissentions ne cessent de progresser. Autrement dit, c’et lui qui est aujourd’hui aux commandes. Il compte en profiter mettre en œuvre un gigantesque plan de réduction d’impôts – 30 milliards d’euros – au mépris des engagements européens de l’Italie. De quoi encore renforcer sa popularité.

Jusqu’à quel point le M5S, bel et bien moribond, acceptera-t-il de traverser les fourches caudines ? Difficile à dire. Mais pour pouvoir avancer, le parti doit avant tout régler ses contradictions internes. Il a tenté de se singulariser politiquement, sans jamais faire de choix réel : jouant par exemple un temps la carte du populisme décomplexé, allant rencontrer des gilets jaunes gilets jaunes radicaux à l’insu des pouvoirs publics français, puis du côté progressiste, en cherchant en vain à rejoindre le groupe des Libéraux en cours de mandat. Le genre d’attitude qui démobilise des électeurs en quête de clarté – une clarté que Salvini s’est empressé de leur donner.

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