Samedi 15 juin, le quotidien La libre Belgique a révélé que l’ambassade belge de Pékin avait livré à la police chinoise, fin mai, une femme et ses quatre enfants, qui réclamaient la protection de Bruxelles.
« L’ambassade n’est pas un hôtel »
Suite à la demande de visas effectuée par le père depuis Gand, il y a 7 mois, la famille a été convoquée à l’ambassade de Belgique à Pékin, le 28 mai, pour remplir des documents et passer une visite médicale. Une fois ces formalités effectuées, les diplomates belges ont conseillé à la famille de rejoindre son domicile, en attendant la suite de la procédure. En effet, il en allait de sa sécurité, puisque les Ouïgours ne peuvent circuler sans autorisation en Chine.
Toutefois, « prise de panique », la mère de famille, Wureyetiguli Abula, aurait alors refusé de quitter l’ambassade, et réclamé la protection des autorités belges pour elle et ses enfants. C’est là qu’un fonctionnaire lui aurait rétorqué que « l’ambassade n’est pas un hôtel ». Les autorités belges ont finalement contacté la police chinoise, qui est venue arrêter la famille à 4 heures du matin. Celle-ci a été libérée le lendemain, avant d’être à nouveau arrêtée dans son hôtel le 31 mai. Depuis, ni la mère ni ses enfants n’ont donné signe de vie.
Un peu tard
« L’ambassade a mis en danger la vie d’une mère vulnérable et de ses quatre enfants en les livrant à ceux qui les menaçaient », constate Vanessa Frangville, professeure de l’Université libre de Bruxelles. Cette spécialiste de la communauté ouïgoure accuse notamment la Belgique d’avoir privilégié des intérêts économiques au détriment de la nécessaire protection de membres d’une minorité.
Bruxelles a, depuis, octroyé un visa à madame Abula, mais c’est un peu tard. La mère de famille a probablement déjà été emprisonnée ou envoyée en camp de rééducation, et ses enfants placés dans un orphelinat.