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La tension monte entre Tokyo et Séoul

Vendredi 9 août, Donald Trump a demandé à Tokyo et Séoul de résoudre leurs différends une fois pour toutes. « La Corée du Sud et le Japon sont sans cesse en train de se battre. Ils doivent bien s’entendre parce qu’ils nous mettent dans une situation délicate », a déclaré le président américain.

La situation a beau être tendue entre les deux voisins asiatiques depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et la fin de l’occupation de la péninsule coréenne par le Japon, les choses se sont vraiment envenimées en octobre 2018, lorsque la Cour suprême sud-coréenne a condamné des industriels nippons pour travail forcé pendant la guerre. Le verdict avait en effet suscité la colère de Tokyo, qui avait en retour accusé Séoul d’enfreindre l’accord bilatéral de 1965 censé régler « complètement et définitivement » les questions concernant la période coloniale. La réponse japonaise s’était d’ailleurs accompagnée de sanctions économiques contre Séoul, ciblant le secteur phare de l’économie sud-coréen, l’électronique.

Choc des nationalismes

D’un côté comme de l’autre, les dirigeants ont fondé leur politique électorale sur un nationalisme exacerbé et un rapport à l’histoire revisité. 

Au Japon, le gouvernement du Premier ministre Shinzo Abe a grandement minimisé les épisodes sombres de l’histoire du Japon, comme par exemple la tragédie des femmes dites « de réconfort », en l’occurrence des Coréennes contraintes de se prostituer pour les soldats de l’armée impériale. 

En Corée du Sud, le président Moon Jae-in a, pour sa part, choisi de glorifier la résistance à l’occupant japonais, en célébrant le centenaire du mouvement du 1er mars 1919 de mobilisation des Coréens contre le colonisateur nippon. L’événement a été célébré fastueusement, par des spectacles, feux d’artifice et autres événements publics.

Arbitrage américain

Cette crise entre les deux plus importants alliés de Washington dans la zone Asie-Pacifique menace l’équilibre sécuritaire face à la montée en puissance de la Chine. Or, les Etats-Unis ont perdu de leur influence dans la zone, et selon l’expert Patrick Gerard Buchanan, du centre d’analyses américain CSIS, les attaques de Donald Trump « contre les deux pays, dans le cadre de négociations commerciales et sécuritaires, ont réduit l’effet de levier que pouvait actionner Washington ».

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