Site icon La Revue Internationale

Manoeuvres militaires à la frontière colombo-vénézuélienne

Mercredi 11 septembre, Caracas a déployé 150 000 soldats le long des 2219 kilomètres de frontière qui séparent le Venezuela de la Colombie. L’opération, baptisée « Paix et souveraineté 2019 », se veut purement défensive, mais Bogota a immédiatement fait appel à l’Organisation des Etats américains pour obtenir la mise en œuvre du Traité interaméricain d’assistance réciproque, pour faire face à « la menace que constitue la crise vénézuélienne ».

Relations jamais faciles

La révolution bolivarienne d’Hugo Chavez, il y a vingt ans, a compliqué le dialogue avec la Colombie, mais la situation était tendue entre les deux voisins bien avant cela. Bogota accuse depuis des décennies le Venezuela d’abriter volontairement des membres des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), et aujourd’hui encore, elle reproche à Caracas de donner asile à d’anciens commandants guérilleros des FARC, et l’accuse aussi d’abriter des détachements de l’Armée de libération nationale (ELN), une petite guérilla colombienne encore active. Le Venezuela, pour sa part, accuse la Colombie de se servir de ce prétexte pour permettre une intervention de son allié américain. 

Toutefois, selon Rocio San Miguel, spécialiste vénézuélienne des questions militaires, « d’un point de vue rationnel, ni le Venezuela ni la Colombie n’ont intérêt à un conflit. Mais le gouvernement de Nicolas Maduro, guidé par la seule nécessité de se maintenir au pouvoir, n’agit pas de façon rationnelle. C’est dire que la situation peut déraper ».

« Maduro cherche une fois encore à faire monter la tension pour distraire l’attention de la crise économique dans son pays, ainsi que pour mobiliser sa base électorale et assurer la cohésion de son armée », estime quant à lui l’analyste colombien Jairo Libreros.

Supériorité vénézuélienne 

Selon Rocio San Miguel, le chiffre de 150 000 soldats évoqués par Nicolas Maduro est peu crédible. Pour la spécialiste, le Venezuela, ruiné, n’a pas les moyens d’une telle opération, mais cela n’enlève rien à la supériorité qu’il détient sur son voisin. Caracas dispose en effet d’une vingtaine de Soukhoï russes, des avions qui lui donnent un avantage certain sur la Colombie. 

Quitter la version mobile