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Brexit : Nigel Farage refuse toute alliance avec les conservateurs

Il attendait son heure. Nigel Farage, figure de proue des plus virulents membres du camp du « leave » lors du référendum de juin 2016, fait son grand retour sur la scène politique britannique après avoir semé la zizanie au Parlement européen. Il ne s’agit pas cette fois d’un retour en personne (après 8 mandats, il aurait du mal à encore jouer les antisystèmes) mais certains craignent toutefois un retour en force de son parti lors des élections générales du 12 décembre, sur fond de divisions profondes au Royaume-Uni. Lors des dernières élections européennes, elles-mêmes monopolisées par la question du divorce, il avait en effet recueilli 30,7 % des suffrages.

 « Je me suis longuement demandé comment je pouvais servir au mieux la cause du Brexit », a-t-il déclaré dimanche lors d’une interview à la BBC. « Est-ce que je cherche à obtenir un siège au Parlement ou est-ce que je suis plus utile en parcourant le Royaume-Uni d’un bout à l’autre et en soutenant nos 600 candidats ? J’ai estimé que cette dernière option était la meilleure. » En définitive, le Parti du Brexit présente des candidats dans la quasi-totalité des circonscriptions. Après une période d’hésitation, Farage aura donc finalement décidé d’ignorer les propositions d’alliance des conservateurs, qui voulaient faire un front commun « pro-Brexit ».

Un court-circuitage en règle

On le sait déjà, ces élections seront dominées quasi-exclusivement par le thème du Brexit. Aussi, les candidats du Brexit Party sont capables de capter de nombreuses voix chez les partisans d’un divorce dur, que Johnson s’était efforcé de charmer avec des poses un peu bravaches. La sentence dans les urnes risque d’être d’autant plus sévère que la formation de Farage est très critique de l’accord renégocié par l’actuel gouvernement – Farage l’a qualifié de « Brexit de remainer ». Un positionnement radical qui lui assure le soutien des plus remontés, sur les quels Johnson comptait pourtant.

Un sondage publié samedi par le « Guardian » estime que le Brexit Party pourrait ainsi récupérer 17 % des voix des partisans du « Leave » au référendum de 2016. Un score en mesure de compromettre la reconquête d’une majorité absolue à la Chambre des communes par les conservateurs. Celle-ci avait été perdue par Theresa May lors des élections générales de juin 2017, avant que la situation ne s’aggrave encore avec l’arrivée de Johnson au pouvoir, provoquant le départ de 21 membres du parti sur fond de désaccords de gouvernance. Il avait en effet essayé de passer de force contre l’avis de la Chambre des communes.

« Pas de Brexit sans le Parti du Brexit »

Les conservateurs, devant désormais se battre sur le gauche mais aussi sur leur droite, n’auront pas la tâche aisée. Mais les inquiétudes vont encore plus loin au sein de la garde rapprochée de Johnson. Pour Jacob Rees-Mogg, ministre en charge des relations avec la Chambre des communes, le du Brexit party choix de faire bande à part risquerait même de « provoquer la perte du Brexit ». Le Premier ministre conservateur a pour sa part exprimé ses « profonds regrets » devant une décision « très regrettable » dimanche, et a défendu son accord de sortie négocié dans la douleur avec l’Union européenne. « Quiconque regarde notre accord peut constater que c’est un excellent accord ».

Farage se défend de vouloir faire échouer le Brexit en assurant que la cible principale du Parti du Brexit sera les électeurs pro-Brexit qui votent traditionnellement pour le parti d’opposition travailliste. Pourtant, aux européennes, « 72 % des soutiens au Parti du Brexit venaient de personnes ayant voté conservateurs en 2017 et 17 % de personnes ayant voté travailliste », notent toutefois les chercheurs Jon Mellon et Geoffrey Evans, du groupe d’études sur les élections britanniques, dans un récent rapport. Aussi, pour exister politiquement, celui qui lui-même disait qu’« il n’y aura pas de Brexit sans le Parti du Brexit », pourrait-il causer l’échec du Brexit en lançant ledit parti dans la course ?

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