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Rome craint de perdre la main en Libye

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Avec l’entrée en scène de la Turquie et de la Russie, l’Italie, qui joue les médiateurs depuis des mois entre l’armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar, et le gouvernement d’entente nationale (GNA) de Fayez Sarraj, craint d’être mise sur le banc de touche. 

Forte implantation

En tant qu’ancienne puissance coloniale (1911-1945), l’Italie conserve une forte implantation en Libye. Le géant pétrolier italien, ENI, est le principal exploitant des ressources hydrocarbures libyennes, et des milliers de ressortissants italiens, civils et militaires, travaillent encore dans le pays. 

En 2018, le président du conseil, Giuseppe Conte, avait d’ailleurs obtenu de Donald Trump la reconnaissance d’un « leadership » italien en Libye. Mais les Etats-Unis ayant toujours refusé de s’engager véritablement dans le dossier libyen, cette reconnaissance ne valait pas grand-chose, comme en atteste aujourd’hui l’intervention d’Ankara et de Moscou. 

« La Libye, c’est le dernier endroit où le pays mène une politique de puissance autonome, observe un analyste italien. En 2011, quand Rome n’a pas pu empêcher l’intervention franco-britannique qui a provoqué la chute de Mouammar Kadhafi, le traumatisme a été terrible, comparable à celui qu’ont ressenti les Français et les Britanniques après l’échec de l’expédition de Suez, en 1956. »

Ambiguïté vis-à-vis d’Ankara

Pour conserver son influence, l’Italie, qui avait initialement misé sur le gouvernement de Tripoli soutenu par les Nations Unies, s’est progressivement rapproché du maréchal Haftar. Toutefois, depuis le début de la guerre civile libyenne, Rome ne cache pas sa défiance envers le maréchal et sa soif de conquêtes. 

Même si cela remet en question son autorité dans la zone, l’Italie voit donc d’un bon œil l’intervention de la Turquie, venue renforcer les forces du gouvernement de Faïez Sarraj. 

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