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La dissuasion nucléaire divise en Allemagne

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Vendredi 7 février, le président français a profité de son discours sur la dissuasion nucléaire prononcé à l’Ecole de guerre, à Paris, pour tenter de rassurer ses partenaires allemands. Pour le moment, ceux-ci restent prudents et attendent d’en savoir plus.

« Dimension européenne de la dissuasion »

« Les Européens doivent saisir cette proposition », assure le député allemand Johann Wadephul, vice-président du groupe conservateur (CDU-CSU) au Bundestag, très satisfait du discours du président français. « Macron insiste avec raison sur la dimension européenne de la dissuasion nucléaire française », assure ce spécialiste des questions de défense, qui va même plus loin que le chef de l’Etat, en proposant de placer l’arsenal nucléaire français « sous commandement commun de l’OTAN ou de l’Union européenne [UE] ».

« Contrairement à ce qu’il fait parfois, Macron a prononcé un discours classique et modéré. L’appel au dialogue stratégique est suffisamment général pour ne pas heurter les Allemands, de même que son insistance sur la maîtrise des armements, qui est elle aussi de nature à les rassurer », ajoute Ulrich Kühn, de l’Institut de recherche sur la paix et la politique de sécurité à l’université de Hambourg.

« Il faudra voir ce que ça peut vouloir dire concrètement. Mais je n’ai pas d’a priori fondamentaux contre le principe », estime, pour sa part, le député social-démocrate (SPD) Fritz Felgentreu, porte-parole des questions de défense au sein du groupe SPD du Bundestag.

« Rejet émotionnel du concept de dissuasion »

Mais à l’exception de ces quelques spécialistes des questions de défense, le discours du président français n’a suscité que très peu d’intérêt en Allemagne. « Compte tenu des relations assez compliquées entre la France et l’Allemagne et de l’extrême complexité du sujet, cette discrétion ne m’étonne guère. Le problème que risque de rencontrer M. Macron outre-Rhin, ce n’est pas tant une opposition qu’une série de malentendus, liée à la relative méconnaissance de la doctrine nucléaire française et au rejet émotionnel du concept de dissuasion par les Allemands. Le mieux qu’on puisse attendre de Berlin est probablement un silence bienveillant », estime Claudia Major, chercheuse à l’Institut allemand de politique internationale et de sécurité (SWP).

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