Le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, estime que l’Europe doit apprendre « le langage du pouvoir » et « renforcer son autonomie stratégique, mieux gérer ses capacités et nous protéger efficacement ». Il aimerait, pour cela, munir l’Union européenne d’une armée propre.
Inefficacité des Battlegroups
L’UE est dotée, depuis 2005, de deux troupes de combat appelées Battlegroups. Ces dispositifs, composés de 1500 soldats chacun, sont censés permettre à l’UE de répondre aux crises qu’elle rencontre. Toutefois, bien qu’il y ait eu des crises ( terrorisme, tensions avec la Turquie, … ) les Battlegroups ne sont jamais entrés en action, faute d’accord politique entre les Etats membres.
« L’ère de l’Union européenne conciliante, quand ce n’est pas naïve, a vécu, insiste pourtant Joseph Borrell. Le soft power vertueux ne suffit plus dans le monde d’aujourd’hui. Il faut y ajouter une dimension de hard power. »
Soutien du SPD
Le chef de la diplomatie européenne a longtemps été bien seul à porter l’idée d’une armée européenne, mais ses paroles ont récemment trouvé écho au sein du SPD, le Parti social-démocrate d’Allemagne.
« La situation géopolitique et les valeurs européennes obligent l’UE à assumer un rôle actif en matière de politique de sécurité », a déclaré le SPD au Bundestag. « La Commission dépend encore trop de la volonté des uns et des autres », le temps est donc venu « de franchir un pas courageux vers la création d’une armée européenne ».
« 28ème armée »
« L’objectif est d’améliorer la capacité d’action de l’UE en nous libérant des lourdes questions de souveraineté » explique Fritz Felgentreu, rapporteur de la politique de défense au sein du groupe SPD.
Pour y parvenir, les sociaux-démocrates proposent donc la création d’une 28ème armée, indépendante des 27 armées nationales des états membres, et placée directement sous les ordres de la Commission européenne. « En plus de la force d’action qui existe déjà en matière commerciale et de la plus grande détermination que nous souhaitons atteindre dans le monde de la diplomatie, la 28e armée pourrait renforcer durablement le pilier militaire de la coopération européenne », assure Fritz Felgentreu.