Site icon La Revue Internationale

Tchad : Incertitudes après la mort du président Déby

Le président Idriss Déby, soutien indéfectible de la France au Sahel, est mort au combat lundi 19 avril. Son fils, Mahamat Idriss Déby, a d’ores et déjà pris la relève et promis des élections dans 18 mois, mais le risque de déstabilisation du pays est réel.  

«  Très courageux et un peu inconscient  »

« Idriss Déby Itno vient de connaître son dernier souffle sur le champ de bataille  », a déclaré le  porte-parole de l’armée à la télévision tchadienne mardi matin. 

Le président avait décidé de conduire lui-même ses troupes lundi pour repousser une incursion du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact). Idriss Déby aurait donc été mortellement blessé près de Nokou, à 300 kilomètres au nord de N’Djamena. « Cela ressemble à Déby. À la fois très courageux et un peu inconscient », admet Roland Marchal, spécialiste du Tchad. 

Une hypothèse confirmée par ses adversaires, puisque le chef du Fact, Mahamat Madhi Ali, a affirmé avoir vu un hélicoptère se poser sur le champ de bataille pour « prendre le corps de Déby ».

Instauration d’un Conseil militaire de transition

L’un des fils d’Idriss Déby, Mahamat Idriss Déby, dit Mahamat Kaka, a immédiatement instauré un Conseil militaire de transition (CMT) avec l’aide de 14 généraux. Il a ensuite promis de « défendre l’intégrité territoriale » et d’organiser des élections «  libres et démocratiques  » à l’issue d’une  « période de transition  » de 18 mois. 

« On ne pouvait pas laisser le pays basculer dans une incertitude totale », s’explique un conseiller, qui admet, à mi-voix, que le vice-président censé assurer la vacance selon la Constitution « n’avait jamais été nommé », signe que cette passation héréditaire du pouvoir était en fait prévue de longue date.

Soutien de la France

«  La France a perdu un ami  », a fait savoir l’Elysée dans un communiqué. Elle prend « acte de l’annonce par les autorités tchadiennes de la mise en place d’un Conseil militaire de transition » tout en soulignant « l’importance que la transition se déroule dans des conditions pacifiques ».

Mais en réalité « la France n’a pas vraiment d’autre choix que de soutenir les militaires dans un premier temps car elle a laissé Déby annihiler toutes les oppositions crédibles. Aujourd’hui, il n’a rien de représentatif. Or, le Tchad est un allié trop important au Sahel et la déstabilisation du pays serait trop grave », explique un ancien diplomate africain.

Quitter la version mobile