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Fin de la bataille d’Azovstal

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Les soldats retranchés dans l’immense complexe industriel d’Azovstal, à Marioupol, ont annoncé leur reddition lundi 16 mai. Près de 1000 combattants se sont rendus au cours de la semaine, mais de nombreux autres sont encore dans l’usine. 

« Selon nos informations, il y avait plus de 2 000 personnes dans l’usine Azovstal. 265 sont d’abord sortis, puis 617 autres. Et un peu plus de la moitié sont restées à l’intérieur », estime Denis Pushilin, leader séparatiste de la République populaire autoproclamée de Donetsk.

Inquiétudes quant au sort des prisonniers

Contrairement aux civils évacués début mai vers l’ouest de l’Ukraine, les soldats ont eux été envoyés en territoire occupé, dans l’oblast de Donetsk. Parmi les combattants évacués lundi, les 53 blessés graves ont été acheminés d’Azovstal « vers Novoazovsk pour assistance médicale » et les « 211 autres ont été transportés à Olenivka par un couloir humanitaire », a annoncé lundi la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Malyar. 

Mais la question reste entière quant au sort réservé aux prisonniers. L’Ukraine espère encore pouvoir procéder à un échange, mais cette éventualité semble peu probable, tant le bataillon Azov déchaîne les passions. En effet, c’est sur ce corps nationaliste de l’armée ukrainienne que reposaient les accusations de «nazisme» brandies par Moscou, qui ont justifié l’opération militaire spéciale en Ukraine. Il semble donc peu probable que la Russie soit indulgente avec ces « nazis » capturés. 

Le speaker de la Douma à Moscou, Viatcheslav Volodine, s’est montré très clair à ce sujet : « Les criminels nazis ne doivent pas être échangés ». « Ils ne méritent pas la vie », abonde à ses côtés le député Léonid Sloutski, sous-entendant un éventuel rétablissement de la peine de mort. (Rappelons qu’en Russie la peine de mort est légale, mais que le pays est considéré abolitionniste en pratique car n’ayant procédé à aucune exécution ces dix dernières années.)

Du côté de l’exécutif russe, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a assuré que les prisonniers d’Azovstal « seront traités en conformité avec le droit international », sans indiquer toutefois s’ils seraient jugés comme des prisonniers de guerre ou des criminels de guerre, ce qui ferait une énorme différence. D’après le leader séparatiste Denis Pushilin, toutefois, la réponse à cette question est toute trouvée. Les combattants d’Azovstal n’ont que deux choix, « être jugés comme criminels de guerre, ou être exécutés », tranche-t-il.

« Ni une évacuation, ni une défaite »

Pour beaucoup, la bataille d’Azovstal restera dans les annales. Elle fait désormais partie de ces batailles martyres autour desquelles se forge l’identité nationale, et la reddition du bataillon Azov n’y changera rien, au contraire.

« La défense de Marioupol a changé le cours de la guerre », estime le conseiller présidentiel ukrainien Mykhailo Podolyak. En effet, la ville « a joué le rôle du hérisson », explique le spécialiste de défense Joseph Henrotin. En fixant douze bataillons russes au début de la guerre, puis finalement deux autour de l’usine d’Azovstal, la défense de Marioupol a privé l’armée russe de renforts précieux qui lui ont cruellement fait défaut dans le reste du Donbass. « C’est un miracle tactique qu’ils aient tenu si longtemps », souligne Joseph Henrotin.

« A l’usine d’Azovstal, les combattants n’ont pas été évacués comme les médias l’ont répété toute la journée, il ne s’agit pas d’une évacuation, mais d’une reddition », a tenu à préciser Vincent Hervouet mercredi matin sur Europe1. Toutefois, le journaliste rappelle qu’il ne s’agit pas non plus d’une défaite, les soldats ayant reçu l’ordre de se rendre : « Les défenseurs retranchés dans l’usine ont déposé les armes, ils ont été faits prisonniers, ils n’ont pas combattu jusqu’à la mort comme annoncé. L’Etat-major leur a ordonné de se rendre. Volodymyr Zelensky a expliqué que l’Ukraine a besoin de ses héros vivants, et que la mission état accompli ».

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