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Le Mali quitte le G5 Sahel

3ème Session extraordinaire des Chefs d’Etat du G5 Sahel avec pour ordre du jour la situation sécuritaire au Mali et son impact dans le Sahel. Bamako, le 06 Janvier 2017

Dans un communiqué publié dimanche 15 mai, le Mali a annoncé son intention de quitter le G5 Sahel, l’organisation de coopération régionale politico-militaire rassemblant les cinq Etats de la bande sahélienne : Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad. Cette décision fait suite à la rupture lundi 1er août des accords de défense que le Mali avait signé avec la France, et isole un peu plus le pays de ses voisins, pour le pousser dans les bras de la Russie.

Violation des textes de base du G5 Sahel

La décision du gouvernement malien, annoncée dimanche par communiqué, pointe plusieurs violations des textes constitutifs du G5 Sahel. Claire et sans appel, elle atteste que le Mali ne cherche même plus à négocier avec ses anciens partenaires.

« Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale qu’à l’issue des travaux de la 7ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel, tenue le 15 février 2021 à N’Djamena, les Chefs d’Etat avaient convenu de tenir la 8ème session ordinaire à Bamako, en février 2022, stipule le communiqué. Cependant, près d’un trimestre après le terme indiqué, ladite session de la Conférence des chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel ne s’est toujours pas tenue, en dépit des multiples initiatives prises par le Mali dans ce sens auprès des instances du G5 Sahel, pour y attirer leur attention ».

« Le gouvernement de la République du Mali rappelle que la non tenue à Bamako de la 8ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel, ainsi que des réunions statuaires des autres organes constitue une violation d’une décision prise par l’Institution, mais aussi celle des textes de base du G5 Sahel », continue le communiqué.

« Manœuvres d’un Etat extra-régional »

« L’opposition de certains Etats du G5 Sahel à la présidence du Mali est liée aux manœuvres d’un Etat extra-régional visant désespérément à isoler le Mali », accuse ensuite le communiqué, sans nommer l’Etat en question (la France, selon toute vraisemblance). « De cette situation, le gouvernement de la République du Mali en déduit une perte d’autonomie de décision, une instrumentalisation et un dysfonctionnement grave des organes du G5 Sahel, notamment la Conférence des Chefs d’Etat et le Secrétariat exécutif dont le Programme de travail annuel et le budget 2022 ne sont toujours pas adaptés par le Conseil des ministres de l’institution », ajoute le texte.

« L’instrumentalisation d’une institution comme le G5 Sahel, dont le mandat est de mutualiser les moyens pour garantir des conditions de développement et de sécurité dans l’espace des pays membres est fondamentalement contraire aux intérêts de nos pays et de nos peuples qui font face à d’importants défis dans le domaine de la lutte contre le terrorisme », conclut le communiqué, précisant que la décision finale « sera notifiée aux Etats membres de l’organisation conformément à la procédure prévue en la matière. Le gouvernement réaffirme son engagement constant en faveur de l’intégration et de la coopération régionales pour la réalisation d’objectifs qui servent les intérêts majeurs des peuples africains ».

Cette décision unilatérale du gouvernement malien n’a pas encore entraîné de réaction de ses partenaires ou de la communauté internationale, mais il y a fort à parier qu’elle suscite l’indignation du plus grand nombre. « Je suis profondément préoccupé par la détérioration rapide de la situation sécuritaire au Sahel, ainsi que par l’effet potentiellement néfaste que la situation politique incertaine au Mali, au Burkina Faso et au-delà aura sur les efforts visant à rendre plus opérationnelle la Force conjointe G5 Sahel », s’inquiétait par exemple le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le le 11 mai dernier.

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