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Comment contourner le blocus d’Odessa ?

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Régnant en maître incontesté sur la mer Noire, la marine russe exerce un blocus sur le port d’Odessa, empêchant l’Ukraine d’exporter les millions de tonnes de céréales qui s’accumulent dans ses hangars. Pour contourner ce blocus, plusieurs solutions sont proposées, l’usage de la force n’étant apparemment pas une option. 

« Arsenalisation de la question alimentaire »

« La Russie est prête à aider à trouver des options pour une exportation sans entraves des céréales, y compris des céréales ukrainiennes en provenance des ports situés sur la mer Noire », déclarait la semaine passée le président russe Vladimir Poutine, assumant pleinement d’utiliser le blé ukrainien comme moyen de pression pour sortir de l’isolement. 

Nous pourrions « exporter des quantités importantes d’engrais et de produits agricoles si les sanctions antirusses étaient annulées », a également fait savoir le président russe lors d’un entretien avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lundi 30 mai.

Mais le président russe ne trompe personne. « La communauté mondiale est consciente de l’“arsenalisation” de la question alimentaire par Vladimir Poutine », estime-t-on côté américain, tandis que l’UE accuse Vladimir Poutine d’utiliser « la faim et le blé pour asseoir son pouvoir ».

Blocus d’Odessa

L’arsenalisation de la question alimentaire orchestrée par Poutine repose en grande partie sur le blocus d’Odessa, mis en place depuis la mer mais également la terre. En effet, outre les dizaines de bâtiments russes sillonnant la mer Noire, Moscou a installé des missiles sur l’île aux Serpents, ce petit rocher d’où un soldat ukrainien avait répondu un héroïque : « Navire russe, allez-vous faire foutre ! », au début du conflit. Située non loin d’Odessa, cette île constitue une base fermant l’accès au port.

« L’armée russe est en situation d’imposer un déni d’accès sur le golfe d’Odessa », résume un militaire français sous couvert d’anonymat, dont le constat est partagé côté américain. « Actuellement, les voies maritimes sont bloquées par des mines et par la marine russe. Pour ouvrir ces voies maritimes, cela nécessiterait un effort militaire très important de la part d’un pays ou d’un groupe de pays », estime le général Milley, chef d’état-major américain.

Exportation par voie terrestre

Pour contourner ce blocus infranchissable, plusieurs solutions terrestres ont été développées par les alliées de l’Ukraine. Un « pont ferroviaire » a par exemple été mis en place par la Deutsche Bahn, l’entreprise ferroviaire publique allemande, qui « est en train d’extraire d’Ukraine des quantités massives de céréales, via la Pologne en direction des ports du nord de l’Allemagne pour leur exportation », a fait savoir le général américain Christopher Cavoli, futur chef des forces américaines en Europe.

Une autre solution apportée est d’exporter le grain par camion vers les ports des pays voisins, telle la Roumanie. Toutefois, la plupart des routes roumaines ne sont pas adaptées à un trafic important lié aux situations d’urgence. De plus, « le flux de camions est quasi permanent dans les deux sens, car ces camions déposent des conteneurs de céréales et chargent l’aide humanitaire destinée à l’Ukraine », relève Mircea Neagu, patron d’une société roumaine de surveillance des navires et de leurs marchandises. 

« On a constaté une augmentation de 11 % du trafic dans les trois premiers mois suivant le déclenchement de la guerre, et la tendance va se poursuivre, surtout en juillet-août, avec la nouvelle récolte de céréales en Roumanie. Mais le port est prêt. Il peut faire face à cette croissance », assure Florin Goidea, directeur du port de Constanta, le principal port roumain

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